La périlleuse traversée de la Manche des migrants vers le Royaume-Uni

La police britannique tracte le camion dans lequel 39 personnes ont été retrouvées mortes mercredi. - BEN STANSALL / AFP
La découverte mercredi de 39 corps dans un camion frigorifique stationné dans l'Essex, à l'est de Londres, laissait penser à une tragédie de l'immigration. La presse britannique a apporté une précision à ce triste tableau: il s'agissait de ressortissants chinois.
Le poids-lourd, immatriculé en Bulgarie, conduit par un chauffeur nord-irlandais, est entré au Royaume-Uni en débarquant dans le port de Purfleet en provenance de la rade belge de Zeebrugge. Ces deux villes sont deux étapes désormais courantes de la nouvelle route des migrants vers les terres britanniques à travers la Manche, un nouveau trajet associé à des méthodes plus dangereuses encore pour leur vie.
Aux mains des passeurs
La BBC rappelle que la fermeture de camps de migrants français, notamment à Calais, entre 2016 et 2017 a changé la physionomie des tentatives des réfugiés pour passer au-delà de la mer. Aux essais individuels se sont ainsi substituées les opérations coordonnées par des bandes criminelles organisées.
Tom Dowdall, directeur adjoint de la National Crime Agency (NCA), l'agence britannique de lutte contre le crime organisé, a expliqué auprès du Telegraph que le renforcement de la sécurité en France poussait dorénavant les passeurs à emprunter des routes réputées plus faciles, et des ports aux issues moins hermétiques, comme celui de Zeebrugge.
Des méthodes "à plus haut risque"
De là, ils espèrent faire atteindre aux migrants, souvent des personnes déboutées du droit d'asile en Allemagne, des berges moins encombrées. Purfleet mais aussi Hull sont de celles-là. "Ces bandes pensent que se déplacer de pays en pays complique la coordination des activités des différentes forces de l'ordre", a-t-il exposé.
L'institution qu'il représente évoque parallèlement l'emploi "de méthodes clandestines d'entrée à plus haut risque" qu'auparavant. Parmi elles, on compte l'entassement dans des camions réfrigérés ou dans de trop vulnérables canots.
Une politique plus drastique
Les partants tablent aussi sur l'impréparation des infrastructures. "Zeebrugge est un port de fret et de containers qui n'est pas équipé pour la détection de migrants. Le crime organisé trouve une route qui est un succès garanti et pour laquelle vous pouvez demander un maximum", a décrit David Wood, ancien directeur général de la lutte contre l'immigration illégale au Royaume-Uni, au Telegraph.
Des contrôles d'identité plus lacunaires sur le territoire britannique que sur le continent et un marché noir puissant exploitant largement le travail clandestin fonctionnent comme des facteurs d'attraction des migrants vers le Royaume-Uni. Et la clandestinité se trouve dopée par la diminution des voies légales d'accès à celui-ci, pose le Guardian, qui observe que le regroupement familial lui-même a été profondément réduit.