L'ONG Global Witness dénonce la mort de 200 militants pour l'environnement en 2023

Des manifestants devant le palais de justice de Lyon pour soutenir 8 militants qui seront traduits en justice après une action antipollution en mars contre l'usine du producteur chimique français Arkema à Lyon le 18 juin 2024. - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
L'Amérique du Sud, continent le plus dangereux pour les militants du climat. Voilà le bilan du rapport de l'ONG Global Witness, publié ce mardi 10 septembre. Environ 85% des 196 meurtres de défenseurs de l'environnement ont été commis dans cette région.
En tête de ce sombre classement, la Colombie où 79 meurtres ont été comptabilisés, selon l'association internationale qui réalise son rapport annuel depuis 2012.
La plupart de ces crimes se sont produits dans des régions situées au sud-ouest du pays. Des organisations criminelles sont soupçonnées d'avoir perpétré au moins la moitié d'entre eux. À partir du 21 octobre, la Colombie accueille la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP16). Une organisation qui suscite l'inquiétude pour la sécurité des participants.
Des militants "mis sur écoute et traqués" en France
Toujours en Amérique du Sud, le rapport souligne également le sombre bilan du Honduras, qui a enregistré 18 meurtres, soit le ratio d'homicide par habitant le plus élevé.
En Asie, les Philippines restent le pays le plus dangereux, l'ONG comptabilisant 17 meurtres de militants pour l'environnement en 2023. Global Witness pointe le nombre croissant d'enlèvements dans la région.
"Depuis notre libération, les menaces n'ont pas cessé", ont témoigné dans le rapport Jonila Castro et Jhed Tamano, deux militantes opposées aux projets de poldérisation dans la baie de Manille aux Philippines.
Ces dernières accusent l'armée de les avoir enlevées, bien que les autorités affirment que les deux femmes appartenaient à une insurrection communiste, qu'elles auraient ensuite quitté.
En Afrique, Global Witness n'a enregistré que quatre décès, mais a prévenu que ce chiffre était probablement "largement sous-estimé", compte-tenu de la difficulté à collecter des informations.
Concernant la France, des militants écologistes "ont été malmenés et blessés par les forces anti-émeutes". Global Witness dénonce aussi la surveillance mise en place dans ces cas. "Selon certaines informations, les autorités auraient mis sur écoute et traqué des militants en France et en Allemagne en utilisant des pouvoirs légaux normalement réservés aux groupes extrémistes et au crime organisé."
L'ONG dénonce également les législations britanniques et américaines qui prévoient des peines plus sévères pour les manifestants et activistes. Pour la Grande-Bretagne, elle évoque notamment le cas de trois militants écologistes qui s'étaient vus interdire par la justice d'invoquer la crise climatique pour leur défense, et avaient été détenus pour être passé outre.
Ce bilan de 196 meurtres de défenseurs de l'environnement en 2023 est en légère hausse par rapport à 2022, l'ONG en avait comptabilisé 177.