Ukraine: l'amnistie pour les manifestants en vigueur

Les opposant occupent la mairie de Kiev depuis le 1er décembre 2013. - -
L'amnistie pour les manifestants ukrainiens entre en vigueur lundi, annonce dimanche le parquet général. Plus tôt, un millier de manifestants s'étaient rassemblés devant la mairie de Kiev, évacuée quelques heures plus tôt, pour demander l'application "immédiate" de la loi d'amnistie envers les manifestants poursuivis.
"Nous lançons un ultimatum au pouvoir: s'il n'annonce pas immédiatement une réhabilitation totale et inconditionnelle dans le cadre des 2.000 affaires (impliquant les manifestants), nous allons rentrer de nouveau à la mairie", a lancé devant les contestataires Andriï Illenko, député du parti nationaliste Svoboda.
L'opposition ukrainienne a évacué dimanche matin la mairie de Kiev, lieu symbolique de la contestation qu'elle occupait depuis décembre, suscitant la déception de nombreux manifestants. Son évacuation d'ici à lundi était un préalable exigé par les autorités pour amnistier les 234 manifestants qui ont été libérés, mais qui encourent toujours de lourdes peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.
"QG de la révolution"
La mairie, prise d'assaut le 1er décembre et transformée en "QG de la révolution", est un lieu très symbolique de la contestation tout comme le Maïdan, place centrale de Kiev occupée depuis la volte-face pro-russe du pouvoir fin novembre au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne.
Située sur le boulevard central Khrechtchatik, la mairie a été prise d'assaut en marge d'une manifestation monstre, à la suite de la dispersion violente d'étudiants dans le centre de Kiev. Le bâtiment où ont été mises en place une cantine et un hôpital de fortune, hébergeait jusqu'à 700 manifestants qui y dormaient et s'y réchauffaient.
L'évacuation du bâtiment survient alors que, pour la onzième fois depuis le début il y a près de trois mois du mouvement de contestation populaire, les manifestants se réunissent à midi (10 heures GMT) sur le Maïdan, la place de l'Indépendance, dans le centre de Kiev
"La révolution ne fait que commencer"
Les opposants avaient promis de préparer dimanche "une offensive pacifique" pour obtenir la satisfaction de leurs revendications. Car l'évacuation de la mairie ne marque en rien un recul, pour les manifestants.
"La révolution ne fait que commencer", avait ainsi assuré Rouslan Andriïko, qui ne voit comme issue que la démission de Ianoukovitch et une présidentielle anticipée. "La mairie, ils l'ont prise d'assaut une fois, ils pourront très bien la reprendre", jugeait une manifestante, Marina Nekrasova.
"Le temps ne joue pas en faveur du président Ianoukovitch, dont le soutien décline même au sein de son parti", estimait le professeur allemand Andreas Umland, qui enseigne à l'université de sciences politiques de Kiev.
"Il s'agit maintenant de mettre au point un accord de partage du pouvoir pendant une période de transition jusqu'à de nouvelles élections. La question qui reste à trancher, c'est quel pouvoir restera entre les mains du président", juge-t-il.