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Italie

Exploitées, déclassées, les nonnes du Vatican dénoncent leur "servitude"

Une nonne au Vatican. (illustration)

Une nonne au Vatican. (illustration) - ANDREAS SOLARO / AFP

De l'aube jusqu'à la fin du dîner, les religieuses sont au service des prélats. Une servitude volontaire plus qu'un travail. Sans salaire minimum, ni horaires prédéfinis.

"Un prête est tout, une nonne n'est rien." La phrase-couperet ne vient pas d'une Femen, mais d'une religieuse du Vatican. Pour la première fois, dans un article du supplément du quotidien L'Osservatore Romano - organe de presse officiel du Vatican - repéré par Marianne, la gronde devient publique. En cause, la dénonciation d'une forme d'esclavage moderne et la délicate question de la place des femmes au sein de l'église catholique.

Sans parler de révolte, ces religieuses qui témoignent anonymement pour la plupart, font savoir que la servitude volontaire, serait-ce au service de Dieu, possède ses limites. "Elles (les nonnes, ndlr) se lèvent à l'aube, préparent le petit-déjeuner et ne vont se coucher qu'une fois que le dîner a été servi, la maison rangée, le linge lavé et repassé", raconte sœur Marie. Et pour supporte cette situation, certaines tiennent "grâce à la prise d'anxiolytiques", continue la religieuse.

"Salaire arbitraire" et "horaires inexistants"

"Les nonnes ne disposent pas dans cette sorte de 'servitude' d'heures de travail fixes à l'inverse des travailleurs séculiers et leur salaire est arbitraire et souvent très modeste", témoigne une autre religieuse. L'article est d'ailleurs intitulé: "Le travail (quasi) gratuit des sœurs."

Hors des conditions de travail pour des religieuses qui "ne demandent pas la richesse", mais veulent vivre dignement", se pose la question de la place des femmes au sein de l'Eglise. 

L'une d'elles témoigne: "Je connais des religieuses qui sont docteures en théologie et qui ont été envoyées du jour au lendemain faire la cuisine ou la lessive. (...) Derrière tout cela se cache l'idée qu'une femme vaut moins qu'un homme et, en particulier dans l'Eglise catholique, qu'un prêtre est tout et une nonne rien."

Qu'en pense le pape? Il s'inquiète de "la persistance d'une certaine mentalité machiste" dans l'Eglise, "où le rôle des femmes glisse plus vers la servitude que vers le véritable service", relève Marianne. Jeudi, journée internationale de la Femme, le groupe "Voice of Faith" qui défend la place de la femme dans l'Eglise tiendra une conférence à Rome. Et sur les réseaux sociaux circulent un manifeste dénonce cet asservissement des femmes. 

"Le modèle féminin proposé est toujours celui d'une 'béquille' sur lesquelles s'appuient des figures masculines (prêtres, professeurs ou maris). (...) Nous avons vu comment la foi même de la femme et l'adhésion à toute vocation qu'elle embrasse sont considérées comme inférieures, de qualité inférieure à celle des hommes, sauf dans des cas exceptionnels et dans une propagande astucieuse", dénoncent-elles sur Facebook.

David Namias