Attentat de Nice: le pape reçoit familles en deuil et victimes de toutes confessions

Le pape François à la basilique Saint-Pierre de Rome le 21 septembre 2016 - Vincenzi Pinto - AFP
Des dizaines de familles en deuil et de victimes de l'attentat du 14 juillet à Nice se sont s'envoler ce samedi matin pour Rome, accompagnées de soutiens de toutes confessions, pour une audience à midi avec le pape François.
"Nous attendons un message d'apaisement pour nos âmes en souffrance", a confié Vincent, un témoin profondément marqué par le carnage du camion fonçant sur la Promenade des Anglais à Nice, dans le sud de la France, le jour de la fête nationale.
Des représentants juifs, musulmans, orthodoxes
Environ 180 personnes blessées ou traumatisées dans l'attentat ou bien proches de victimes -58 familles au total- doivent emprunter deux avions affrétés par la municipalité de Nice. Ils seront rejoints par quelque 150 soutiens niçois partis en car, ainsi que par une délégation officielle de l'association interreligieuse "Alpes-Maritimes Fraternité", qui comprend l'évêque de Nice et des représentants juifs, musulmans, orthodoxes et protestants.
Pour Pierre-Etienne Denis, président de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), ce type de rendez-vous permet de sortir de la solitude et de "progresser vers la résilience".
"Si on est croyant, c'est une rencontre exceptionnelle" et "si on ne l'est pas, c'est une rencontre avec une autorité morale incontestable, un trésor d'empathie qui transcende les religions", a-t-il jugé.
"Tuer au nom de Dieu est satanique"
Le pape François avait déjà reçu le président français François Hollande mi-août pour réaffirmer son soutien et son affection au pays touché depuis début 2015 par une série sans précédent d'attentats. Et le 14 septembre, il avait célébré, en compagnie de 80 pèlerins français, une messe en l'honneur de Jacques Hamel, le prêtre égorgé par deux jeunes jihadistes dans son église près de Rouen. "Comme il serait bon que toutes les confessions religieuses proclament que tuer au nom de Dieu est satanique", avait-il alors lancé.
Le président de la métropole Nice Côte d'Azur, Christian Estrosi, qui sera du voyage à Rome, a expliqué que l'audience papale se voulait "sans distinction de religion". L'opposition écologiste municipale a exprimé son objection au nom de la laïcité au choix de la mairie d'affréter deux avions, mais sa protestation est restée relativement isolée.
"Converger les uns vers les autres"
Un tiers des victimes décédées étaient de confession musulmane, a rappelé l'imam Boubekeur Bekri, vice-président du conseil régional du culte musulman dans le sud-est de la France, qui ira lui aussi à Rome avec une poignée de musulmans.
"En tant que musulman et croyant, je pense qu'on est dans le droit fil de la pensée du croyant, de la capacité de converger les uns vers les autres", a-t-il estimé.
Maurice Niddam, président du consistoire de Nice, n'accompagne pas des victimes juives, mais il a voulu soutenir cette démarche: "Ce pape est très humain, très proche du peuple, ouvert aux autres confessions. Quand il parle de victimes d'actes de terrorisme, ce n'est pas de la sensiblerie, il est sincèrement blessé".