Après la mort de Riina, qui pour reprendre les rênes de Cosa Nostra?

Les méthodes de Toto Riina étaient devenues controversées. - AFP
Le "parrain des parrains" n'est plus. A la tête de l'organisation Cosa Nostra pendant plus de quarante ans, faisant régner la terreur et couler le sang, en Sicile, Toto Riina est mort vendredi en prison à l'âge de 87 ans alors qu'il purgeait l'une de ses 26 peines de détention à vie prononcées à son encontre. Comme il était surnommé, la "Belva" (le "Fauve"), notamment en raison des 500 crimes qu'il a commis ou commandités, dont les assassinats, en 1992, des juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellin, laisse un clan sans chef naturel pour prendre la succession.
Le fils de Riina évoqué
Arrêté en 1993 à Isola 2000, Toto Riina continuait de diriger les affaires de Cosa Nostra depuis sa cellule. C'est d'ailleurs lui, qui organise les attentats à la bombe de Rome, Florence et Milan. Une vengeance du "Fauve" désormais en cage. "Même s'il était en prison, Riina comptait pour la mafia. Et s'il ordonnait qu'une chose soit faite, si c'était réalisable, alors c'était fait", a expliqué un repenti aujourd'hui âgé de 77 ans, qui fut un ami de Riina avant de devenir collaborateur de justice en 1991.
"Cosa Nostra est une organisation très structurée, semblable à une monarchie absolue. Tant que le roi est vivant, il n'est pas pensable de désigner un héritier", abonde à l'AFP le chef de la direction nationale anti-mafia (DNA) Maurizio De Lucia.
Symboliquement, le fils de Toto Riina pourrait prendre la succession du "parrain des parrains". Giuseppe Salavatore Riina, surnommé avec respect et affection Salvuccio par les membres de Cosa Nostra, aurait en sa possession de nombreux secrets de son père, comme celui du trésor familial, les maisons, les terrains, les commerces, les comptes courants, note La Repubblica. Seul problème, Salvo Riina, aujourd'hui âgé de 40 ans, est surveillé par la police. Après avoir passé huit ans en prison, il a été placé en liberté surveillée à Padoue, près de Venise. Son retour à Corleone est donc compromis.
"Petits truands sans charisme"
Autre successeur possible: Matteo Messina Denora. Agé de 55 ans, il est le "super boss". Originaire de la province de Trapani, en Sicile, il est désormais considéré comme le numéro un de Cosa Nostra, à la fois héritier de Toto Riina et de Bernardo Provenzano, arrêté en 2006. Matteo Messina Denora, accusé d'association de malfaiteurs de type mafieux, homicide ou encore de vol, est en cavale depuis 1993. Sa participation aux attentats de Rome, Florence et Milan, qui ont fait dix morts, lui ont valu une condamnation par contumace à la prison à vie. La seule photo que l'on possède de lui, lunette d'aviateur et chemise ouverte, date d'ailleurs de cette époque.
Faute de chef, "la pieuvre est toujours à l'œuvre", confirme à France Info Clotilde Champeyrache, maître de conférences en économie à l’université Paris VIII, spécialiste de la mafia. Depuis que Riina est en prison, les affaires mafieuses continuent aussi bien dans l'illégal que dans le légal. Cette mort est symbolique, elle fait plaisir à certaines personnes mais elle n'indique pas du tout la fin de la mafia." D'autres chefs pourraient ainsi prendre la succession de Toto Riina. Pour le nouveau procureur national antimafia Federico Cafiero De Raho, repris par Le Figaro, "le temps des grands capi comme Riina et Provenzano est révolu". Il prédit le retour de "truands n'ayant pas le même charisme" pour diriger le Cosa Nostra.