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Belgique

Bruxelles: des gaz lacrymogènes lancés contre les agriculteurs en colère

Les forces de l'ordre ont lancé des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre les agriculteurs à Bruxelles.

Les forces de l'ordre ont lancé des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre les agriculteurs à Bruxelles. - Thierry Roge - Belga - AFP

Plusieurs milliers d'agriculteurs ont laissé éclater leur colère, ce lundi, à Bruxelles, pour se faire entendre des responsables de la Commission et des ministres de l'Agriculture des 28, réunis en conseil exceptionnel sur la nouvelle crise que traverse le monde paysan depuis plusieurs mois.

Tension à Bruxelles. Alors que plusieurs milliers de producteurs de laits et de viande porcine se sont retrouvés lundi dans la capitale belge pour interpeller les ministres de l’Agriculture européens qui se réunissaient lundi, l’ambiance a changé brusquement: les forces de l’ordre ont envoyé des gaz lacrymogènes et des canons à eau sur les manifestants.

Partis à l'aube de Belgique, de France et d'Allemagne, ils avaient rallié Bruxelles dans la matinée à bord de centaines de tracteurs, qui ont rapidement bloqué les rues du quartier Schuman, où siègent les institutions européennes.

1.455 tracteurs et quelque 7.000 agriculteurs

La police, qui avait vivement déconseillé aux automobilistes de se rendre à Bruxelles, a comptabilisé 1.455 tracteurs et quelque 7.000 agriculteurs, producteurs de lait ou de viande principalement, réunis à l'appel des syndicats agricoles.

"Je suis Eleveur", indiquait une pancarte portée par un jeune manifestant, en écho aux "Je suis Charlie" qui avaient fleuri après les attentats de Paris en janvier. Rémy Hulin, un éleveur à la retraite, est venu du Calvados (ouest de la France) avec une potence suspendant un mannequin habillé d'une salopette d'agriculteur.

"Il y a des centaines de suicidés dans l'élevage, c'est le résultat d'une politique agricole désastreuse", a-t-il expliqué. "Tous les matins, on se lève et on perd de l'argent à traire nos vaches", a protesté Jacky, un autre agriculteur venu lui aussi du Calvados avec près de 100 membres de la Coordination rurale.

Hors d'eux, les manifestants ont lancé des pétards, klaxonné, incendié des pneus jusque sous les fenêtres des institutions européennes. Sur le rond-point Schuman, épicentre de la manifestation, des cordons de policier en tenue anti-émeute, plantés derrière des barbelés, ont barré tout accès aux bâtiments européens pendant des heures, subissant des jets d'oeufs, de bouteilles en verre et d'autres projectiles. 

Canons à eau et gaz lacrymogènes

Des manifestants ont même utilisé une louche en guise de catapulte pour bombarder d'oeufs les forces de l'ordre. Un policier, blessé à la jambe, a dû être emmené à l'hôpital, pendant qu'un second était soigné sur place, selon un porte-parole de la police cité par l'agence Belga.

Les policiers belges - exceptionnellement renforcés par des collègues néerlandais - ont fait usage de gaz lacrymogène pour empêcher des manifestants de forcer le barrage avec leurs tracteurs. Ils se sont également servi de canons à eau pour faire reculer les protestataires et éteindre des ballots de paille, des pneus et même une caravane incendiés par les agriculteurs.

En milieu d'après-midi, une partie des manifestants avait commencé à refluer vers leurs autocars, mais plusieurs centaines d'entre eux continuaient leur face-à-face tendu avec la police aux abords du rond-point Schuman, dans une atmosphère chargée de l'odeur âcre des brasiers.

"On vous nourrit, nous on crève"

Dans les rues avoisinantes, les engins agricoles occupaient toujours la chaussée en rangs de trois ou quatre, sur des centaines de mètres en direction du centre-ville. Ils devaient quitter Bruxelles dans la soirée. "Le lait est payé moins cher qu'il nous coûte à produire, il nous faudrait un prix de base de 350 à 400 euros (la tonne) alors qu'on est payé 280 euros actuellement", a déploré le producteur laitier français.

"Quelle nourriture donnerez-vous à vos enfants ?" "Europe veux-tu encore de nous?", pouvait-on lire sur des pancartes et bannières. "On vous nourrit, nous on crève". "Passant, souviens-toi de l'agriculture équitable et nourricière aujourd'hui décimée par la mondialisation", lisait-on sur d'autres.

L'effondrement des cours du lait et des viandes bovines et porcines a provoqué tout l'été une fronde des agriculteurs européens, du Royaume-Uni à l'Allemagne, en passant par la France. Dans le même temps, la commission européenne a annoncé qu’elle débloquait 500 millions d’euros d’aide d’urgence pour les agriculteurs, notamment les producteurs laitiers.

la rédaction avec AFP