Une juge condamnée au Royaume-Uni pour esclavage moderne auprès d'une employée de maison

La balance de la justice (photo d'illustration) - DAMIEN MEYER / AFP
Une femme de 50 ans, a été condamnée à 6 ans et 4 mois de prison au Royaume-Uni pour travail forcé, rapporte la police locale vendredi 2 mai.
La quinquagénaire doit également respecter une ordonnance de restriction et payer 12.160 livres sterling (14.280 euros) à la victime comme indemnisation, après un procès qui a débuté en février dernier.
Cette femme avait été juge auprès du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux, appelé aussi "Mécanisme", un organisme créé par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Lydia Mugambe avait recours à une employée de nationalité ougandaise chez elle, à Kidlington, dans la région d'Oxford. Cette femme, dont l'anonymat est préservé par la justice britannique, devait s'acquitter des tâches ménagères et s'occuper des enfants de la maison, sans recevoir la moindre rémunération.
Un visa illégal pour le Royaume-Uni
Lydia Mugambe a été reconnue coupable d'avoir fourni un visa de façon illégale à sa future employée de maison pour la faire venir sur le territoire britannique, enfreignant la loi sur l'immigration.
Le visa indiquait que l'Ougandaise recrutée travaillerait comme domestique pour l'ancien Haut-Commissaire adjoint de l'Ouganda John Mugerwa, mais stipulait qu'elle serait rémunérée, ce qui n'a pas été le cas.
Selon l'enquête, la quinquagénaire a payé le vol pour faire venir sa future domestique exploitée avant de la récupérer à l'aéroport pour l'emmener chez elle.
"Aucun remord"
Le juge David Foxton a souligné, lors du prononcé de la peine, que Lydia Mugambe n'avait montré "absolument aucun remord" sur les faits qui lui sont reprochés. Pire, elle a même assuré avoir toujours traité avec attention sa domestique et a tenté de "blâmer" la victime pour ce qui était arrivé.
Le juge a déploré une affaire "très triste" concernant une femme dont le travail comme juge est pourtant louable, selon lui, dans la défense des droits de l'Homme.
Selon la procureure Caroline Haughey, Lydia Mugambe a menti et a également profité de la méconnaissance du droit du travail de l'Ougandaise recrutée, tout en profitant de son statut social.
"L’esclavage moderne est un crime sous-déclaré"
La victime, qui n'était pas présente, a indiqué dans une lettre, lue au tribunal, avoir vécu chez la juge dans une "peur presque constante", Lydia Mugambe étant une figure en Ouganda. Désormais, l'ex-employée dit ne pas pouvoir retourner dans son pays par crainte de ce qu'il pourrait lui arriver.
"L’esclavage moderne est un crime sous-déclaré et j’espère que le courage de la victime dans cette affaire encouragera d’autres victimes de l’esclavage moderne à se manifester", a déclaré le surintendant de police Ben Clark.
De son côté, l'université d'Oxford, où la juge préparait un doctorat en droit, en plus de son travail, s'est dite "consternée" par cette affaire.
Le "Mécanisme", rappelle de son côté dans un communiqué avoir levé l'immunité de la juge après avoir été informé de l'enquête. Les activités de la juge avaient aussi été suspendues au sein de l'organisme.