"Une infection rare, mais qui peut être grave": au moins 28 cas de botulisme suspectés au Royaume-Uni après des injections de Botox

Une femme recevant une injection de Botox à Arlington (Virginie) aux Etats-Unis le 5 juin 2009 - WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Appel à la vigilance Outre-Manche. Les autorités sanitaires britanniques indiquent avoir recensé plusieurs personnes résidant dans le comté du Durham et de Darlington qui présentent des "effets indésirables" après avoir subi des injections de Botox, dans un communiqué daté du 13 juin. Désormais, 28 victimes sont recensées, indique CNN vendredi 20 juin.
Parmi les cas comptabilisés, les patients présentaient une vision double, des difficultés à avaler, des troubles de l'élocution et une léthargie.
"Les praticiens impliqués dans la plupart des cas signalés ne pratiquent plus ces interventions", assure le Dr Simon Howard, consultant en protection de la santé à l'Agence britannique de santé (UKHSA), dans un communiqué.
"Toutefois, cela ne signifie pas que nous ne verrons pas d'autres cas, car les symptômes peuvent prendre jusqu'à quatre semaines pour se développer", prévient-il.
Des produits vendus illégalement?
Pour l'heure, la raison de ces contaminations est incertaine. Des "allégations concernant la vente et la fourniture illégales de produits de type Botox dans le nord-est du pays" font actuellement l'objet d'une enquête de la part de l'Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA), a-t-elle indiqué vendredi à CNN.
"Les preuves recueillies jusqu'à présent ne suggèrent pas que le produit utilisé ait été contaminé", assure de son côté l'UKHSA.
"Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues de l'UKHSA afin d'enquêter sur la cause de ces effets indésirables et de veiller à ce que toutes les mesures possibles soient prises pour éviter que d'autres personnes ne se sentent mal", indiquait Amanda Healy, directrice de la santé publique du comté de Durham, dans un précédent communiqué paru le 13 juin dernier.
Contacter un service d'urgence en cas de symptômes
"Le botulisme est une infection rare, mais qui peut être grave", souligne l'Agence gouvernementale de santé du Royaume-Uni (UKHSA).
Alors que le nombre total de victimes n'est pas encore fixé, les autorités sanitaires appellent à la vigilance. "Si vous avez subi un traitement récent et que vous présentez des symptômes tels que des difficultés à avaler ou des paupières tombantes, contactez le NHS 111 ou le service des urgences pour obtenir des conseils supplémentaires et vous faire soigner", alerte le Dr Joanne Darke, consultante en protection sanitaire pour l'UKHSA.
"J'encourage toute personne ayant récemment subi une intervention esthétique et présentant l'un des symptômes énumérés à contacter le NHS 111 ou, en cas de danger de mort, un service d'urgence", ajoute Amanda Healy.
Une maladie qui s'attaque au système nerveux
Le botulisme est une "maladie rare, mais potentiellement mortelle, causée par des toxines produites par la bactérie Clostridium botulinum", indique l'Agence gouvernementale de santé britannique (NHS).
"Ces toxines attaquent le système nerveux (nerfs, cerveau et moelle épinière) et provoquent une paralysie (faiblesse musculaire)", précise l'agence de santé, qui souligne que "la maladie est mortelle dans 5 à 10 % des cas", même si "la plupart des personnes se rétablissent complètement grâce au traitement".
Les premiers symptômes typiques d'une infection au botulisme sont: la sensation de malaise, les vomissements, les crampes d'estomac, la diarrhée ou la constipation. Puis, l'infection peut entraîner un trouble de la vision, une faiblesse musculaire, des difficultés à avaler ou respirer et des troubles de l'élocution.
Les procédures illégales en hausse
Dans les cas recensés, on parle d'un botulisme iatrogène, selon CNN. Ce type d'infection survient lorsqu'une trop grande quantité de Botox est injectée dans un muscle.
Le Botox est un produit largement utilisé en chirurgie esthétique, censé gommer les rides, mais aussi dans certains traitements médicaux dont les migraines ou la transpiration excessive.
D'après l'Ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux à visée esthétique connaissent une croissance inquiétante en France. En 2024, le nombre de signalements a atteint un record de 128, contre 123 en 2023 et 62 en 2022.