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Royaume-Uni: une délégation de ministres va demander à Boris Johnson de démissionner

Boris Johnson pendant les questions au Premier ministre à la Chambre des communes à Londres, le 6 juillet 2022.

Boris Johnson pendant les questions au Premier ministre à la Chambre des communes à Londres, le 6 juillet 2022. - JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT / AFP

Depuis ce mardi, trente membres du gouvernement britannique ont jeté l'éponge alors que le Premier ministre fait face à un nouveau scandale.

Une délégation de ministres britanniques comportant plusieurs poids lourds du gouvernement s'apprête à demander à Boris Johnson, plus fragilisé que jamais par une succession de scandales, de démissionner, selon plusieurs médias britanniques ce mercredi.

Interrogé à cet égard lors d'une audition devant les chefs des commissions parlementaires, Boris Johnson a rétorqué qu'il n'allait pas "commenter en direct les événements politiques". "Nous allons continuer avec le gouvernement de ce pays", a-t-il affirmé, quelques instants après avoir affirmé qu'il passait une semaine "formidable".

Démissions en cascade

Confronté à une avalanche de départs de son gouvernement et à des appels à la démission, le Premier ministre britannique Boris Johnson a affiché ce mercredi sa détermination à rester au pouvoir, malgré la crise sans précédent dans laquelle l'ont plongé les scandales à répétition.

Loin du triomphe de ses débuts à Downing Street en 2019 sous la promesse de réaliser le Brexit, le chef du gouvernement conservateur a affronté mercredi la journée la plus difficile de son mandat, cerné par les affaires embarrassantes et leur flot d'accusations de mensonges.

Sans crier gare, les ministres de la Santé Sajid Javid et des Finances Rishi Sunak ont claqué la porte mardi soir, déclenchant l'hémorragie. D'autres membres du gouvernement, de rang moins élevé, ont à leur tour jeté l'éponge les uns après les autres, portant à plus de 30 le nombre total de départs mercredi après-midi.

Boris Johnson entend "continuer"

Boris Johnson est resté combatif. Il a jugé qu'il ne serait pas "responsable" de quitter le pouvoir dans le contexte actuel, entre crise du pouvoir d'achat et guerre en Ukraine. Un peu plus tôt, lors de la séance hebdomadaire de questions devant les députés, ponctuée de rires et de moqueries sonores, Boris Johnson a affirmé que le "mandat colossal" qui lui avait été confié par les électeurs en 2019 lui conférait le devoir de "continuer".

Le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a fustigé un "spectacle pathétique" de fin de règne, tandis que le leader du parti nationaliste écossais SNP à la chambre des communes, Ian Blackford, a exigé la tenue d'élections anticipées. Une idée que Boris Johnson a rejetée d'un revers de main dans l'après-midi.

"Bye Boris"

Les ministres démissionnaires ont eu des mots durs pour le chef du gouvernement, mettant en cause son honnêteté. Devant les députés, Sajid Javid a détaillé les raisons de son départ, convaincu que Boris Johnson ne changerait pas: "ça suffit", a-t-il lancé, avant que certains députés ne reprennent un "bye Boris" moqueur lancé par l'un d'eux.

La démission de Sajid Javid et celle de son collègue des Finances ont été annoncées mardi soir alors que Boris Johnson venait de présenter des excuses après un nouveau scandale. Le Premier ministre a reconnu avoir fait une "erreur" en nommant en février dans son gouvernement Chris Pincher, "whip" en chef adjoint chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs. Ce dernier a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d'attouchements sur deux hommes.

Après avoir affirmé l'inverse, Downing Street a reconnu mardi que le Premier ministre avait été informé dès 2019 d'anciennes accusations à l'encontre de Chris Pincher, mais qu'il les avait "oubliées".

72% des Britanniques favorables à sa démission

Pour Sajid Javid, les Britanniques sont en droit d'attendre "de l'intégrité de la part de leur gouvernement". Depuis les départs se sont multipliés. Ce mercredi en début d'après-midi, cinq secrétaires d'État ont annoncé conjointement leur démission, appelant Boris Johnson à quitter le pouvoir. Une sixième démission parmi les secrétaires d'État a suivi quelques minutes plus tard.

Selon un sondage Savanta ComRes publié ce mercredi, 72% des Britanniques estiment que le Premier ministre devrait démissionner. Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes illégales organisées à Downing Street pendant la pandémie de Covid-19, Boris Johnson a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp.

Mais selon la presse britannique, en coulisses, les anti-Johnson sont à la manœuvre pour permettre un nouveau vote rapidement, en changeant la règle actuelle qui protège le chef du gouvernement pour encore 11 mois.

S.R. avec AFP