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Royaume-Uni

La justice britannique fait un pas en avant vers l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis

Des manifestants pro Assange devant la Haute-Cour de Londres le 28 octobre 2021.

Des manifestants pro Assange devant la Haute-Cour de Londres le 28 octobre 2021. - Tolga Akmen © 2019 AFP

Ce vendredi, la justice britannique a autorisé l'appel lancé par les États-Unis pour l'extradition du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

C'est une petite victoire pour les États-Unis dans le long feuilleton sur l'extradiction de Julian Assange. Ce vendredi, à Londres, la Haute Cour a annulé une décision de première instance qui s'opposait à l'extradiction du fondateur de WikiLeaks.

La Cour "autorise l'appel" formé par les États-Unis contre la décision de première instance, a déclaré le juge Tim Holroyde. La justice britannique devra donc de nouveau statuer sur la demande d'extradition américaine. Et en cas de feu vert des juges, la décision finale d'extradition reviendrait au gouvernement.

Les hauts magistrats britanniques sont ainsi revenus sur la décision initiale de la juge Vanessa Baraitser, qui, il y a près d'un an s'était opposée à la remise aux autorités américaines de l'Australien âgé de 50 ans, invoquant le risque de suicide du fondateur de WikiLeaks s'il était incarcéré aux Etats-Unis.

"Un cynisme", dénoncé sa compagne

Dans sa décision, ce vendredi, la Cour a estimé que les États-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes qui avaient conduit la juge de première instance à bloquer l'extradition. Mais, face à la presse devant la Haute Cour, la compagne de Julian Assange, Stella Moris, a dénoncé le "cynisme" d'une telle décision, durant la journée internationale des droits de l'homme.

"Julian a révélé les crimes de la CIA, les tortures de la CIA", a-t-elle déclaré, "comment peuvent-ils accepter une extradition vers le pays qui a comploté pour tuer Julian (...) à cause de ce qu'il a publié?", a-t-elle poursuivi, décrivant son compagnon comme un représentant de "toutes nos libertés et tous nos droits".

Dans un contexte de tensions croissantes avec les pays occidentaux, qui craignent une invasion russe en Ukraine, la diplomatie russe a jugé "honteuse" la décision rendue à Londres, y voyant "une nouvelle illustration de la vision du monde cannibale du tandem anglo-saxon".

Jusqu'à 175 ans de prison

Les États-Unis reprochent à Julian Assange d'avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu'à 175 ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.

Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis deux ans et demi, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l'ambassade londonienne de l'Equateur où il s'était réfugié alors qu'il était en liberté sous caution. Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou la Suède où il faisait l'objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.

Des soins cliniques et psychologiques assurés

Lors de l'audience en appel au sujet de son extradition, qui s'est tenue sur deux jours fin octobre, les États-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de WikiLeaks.

Les États-Unis ont assuré qu'il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence, dans le Colorado, surnommée l'"Alcatraz des Rocheuses", où sont notamment détenus à l'isolement quasi-total des membres d'Al-Qaïda. La justice américaine s'assurerait que le fondateur de WikiLeaks reçoive les soins cliniques et psychologiques nécessaires et qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie.

Les hauts magistrats britanniques ont souligné que les assurances fournies par les États-Unis sont des "engagements solennels proposés par un gouvernement à un autre", selon un résumé de leur décision.

L'avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, avait quant à lui rétorqué que les assurances américaines ne changent rien et que subsiste "un grand risque de suicide, quelles que soient les mesures" qui seraient prises.

En France, le fondateur de WikiLeaks a également reçu le soutien d'une quarantaine de députés français de tous bords qui ont plaidé pour que Julian Assange puisse bénéficier de l'asile politique dans l'Hexagone.

L.F. avec AFP