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En Syrie, une milice islamiste s'oppose à la trêve

Des hommes transportant des bébés dans les ruines d'Alep, le 11 septembre.

Des hommes transportant des bébés dans les ruines d'Alep, le 11 septembre. - AMEER ALHALBI - AFP

Un dirigeant d'Ahrar al Sham, groupe islamiste de l'opposition syrienne, a violemment critiqué les conditions de l'accord russo-américain pour une trêve sur le front. Sa faction devrait pourtant la respecter.

Dans la nuit du 10 septembre, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov sont parvenus à un accord pour une trêve en Syrie à compter de ce 12 septembre 19h. Acceptée par le régime de Bachar al-Assad, la question ne suscite pas une réponse uniforme dans les rangs de l’opposition. L’une des formations qui la composent, Ahrar al Sham (un groupe islamiste), a d'ailleurs fait part le 11 septembre de sa réprobation.

L'accord veut que toutes les milices sortent de l'ombre d'Al Qaïda

L’accord prévoit que si la trêve dure plus d’une semaine sur le front, Etats-Unis et Russie pourraient mettre en place des corridors humanitaires et coordonner leurs actions militaires. Le plan exige en outre de Bachar al-Assad qu’il ne bombarde pas les zones tenues par son opposition intérieure. Les combattants affiliés à Al Qaïda sont en revanche exclus des termes de la trêve.

C’est pour ça d’ailleurs qu’il est aussi demandé aux milices de l’opposition de prendre leurs distances avec le Fatah al-Cham, qui fédère désormais la plupart des troupes salafistes en opposition au régime comme à l’Etat islamique. Fatah al Sham est en fait le nom qu’a pris le Front al-Nosra lorsqu’il a annoncé sa rupture avec Al Qaïda, organisation à laquelle il était liée auparavant. Une initiative qui n’a pas forcément convaincu tout le monde.

Condamner en vidéo pour mieux accepter dans les faits

Cette demande de désolidarisation vis-à-vis du Jabhat Fatah al Sham ("Front pour la conquête du Sham" en arabe) a été explicitement blâmée par le numéro 2 de Ahrar al Sham. Ali al Omar a ainsi déclaré dans une vidéo refuser "le ciblage de n’importe laquelle de nos factions bénies" avant d’appeler les rebelles à l’unité.

Sans aller jusqu’à rejeter clairement le texte ouvrant la voie à une trêve dans son ensemble, Ali al Omar a tout de même assuré: "Un peuple de rebelles qui a combattu et souffert pendant des années ne peut s’accommoder de demi-mesures". Pour lui, "l’accord russo-américain fait partir en fumée tous les sacrifices et les gains de notre peuple révolté; il ne contribue qu’à renforcer le régime et à encercler la révolution militairement".

Mais selon un officiel américain, cité ici par le Washington Post, il faut s’attendre à ce que certaines factions islamistes, comme Ahrar al Sham par exemple, refusent en théorie l’accord tout en respectant la trêve dans les faits au moins dans un premier temps: "Elles annonceront qu’elles sont opposées à un accord russo-américain, mais elles stopperont leurs opérations sur le terrain à cause des pertes endurées lors des combats à Alep."

RV