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En Egypte, le pape François veut s'appuyer sur l'histoire de l'Eglise pour apaiser les tensions religieuses

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- - Le pape François au Vatican - Illustration Vincenzo Pinto - AFP

Le pape François débarque ce vendredi en Egypte, pour une visite qui doit prendre fin samedi dans l'après-midi. A son agenda sont prévus des entretiens, une messe ainsi que des échanges avec l'un des plus grands dignitaires de l'islam sunnite et le chef de l'Eglise copte.

Ce jeudi matin, le pape François pose ses pieds en Egypte, au Caire. Il doit y rester jusqu'à samedi dans l'après-midi. Sa visite prend place moins d'un mois après que deux églises coptes égyptiennes ont été endeuillées lors du dimanche des Rameaux par des attentats commandités par Daesh qui ont fait 45 morts. Malgré ce contexte troublée, le Vatican n'a pas prévu de fixer davantage de mesures de sécurité qu'à l'accoutumée dans ce genre d'occasions. Le successeur de Saint Pierre circulera ainsi tout au long de son séjour dans une voiture ordinaire, sans blindage. Mais c'est sa parole, surtout, qui est attendue. 

Une visite très attendue par les coptes

Les coptes, dont la situation difficile actuellement en Egypte constitue l'un des axes majeurs du voyage papale, se distinguent des catholiques notamment par leur vision de la trinité. Ils ne reconnaissent d'ailleurs aucune autorité spirituelle particulière au pape de l'Eglise romaine et ont même leur propre pape: Tawadros II, pape d'Alexandrie et patriarche du siège de Saint Marc.

Mais le climat les entourant nimbe la réception du pape François d'un vernis particulier, comme le note le théologien Emad Thomas, cité par le média catholique La Vie: "Cette visite devient historique en Égypte car la plus grande figure religieuse au monde, représentant plus d’un milliard de catholiques à travers la planète, se tiendra aux côtés des coptes persécutés, notamment à travers la rencontre avec le pape Tawadros II lors d'une messe."

Entre le souvenir de Saint François et Al Sissi

L'équipée égyptienne du souverain pontife est en effet largement affaire de symbole. Sur son site, la chaîne américaine CNN a noté que le pape François se référait à un voyage accompli 800 ans avant lui. EN 1219, Saint François d'Assise, dont le cardinal Jorge Bergoglio a pris le nom en accédant à la papauté, fondateur de l'ordre franciscain, se rend en Egypte pour y rencontrer le sultan local, Malik Al Kamil. L'objectif du célèbre frère mendiant est plus qu'ambitieux: convertir le sultan et mettre ainsi un terme aux croisades. Saint François ne parvient pas à faire prendre le bain du baptême à son interlocuteur mais les deux hommes s'entendent bien...au point que Malik Al Kamil lui propose comme marché de céder le contrôle de Jérusalem aux chrétiens pour apaiser la géopolitique de la région, une solution finalement rejeté par les Croisés. Si le pape François a en tête l'initiative de son père spirituel, l'évangélisation de l'Egypte n'est pas à son programme. 

Son agenda est rempli de rendez-vous plus concrets. Au plan strictement religieux, il est prévu qu'il célèbre une messe et visite la communauté catholique égyptienne. Mais la diplomatie doit aussi retenir le Saint-Père. Il rencontrera ainsi le maréchal Al Sissi, président de l'Egypte.

Le thème des migrants sera abordé

Sa feuille de route le conduira également dans l'un des plus grands centres de l'islam sunnite: l'université Al Azhar. Là, il s'entretiendra avec le Grand Imam de l'université Al Azhar, le cheikh Ahmed Al Tayeb. Il doit aussi discuter avec Tawadros II (ou Théodore II), le pape de l'Eglise copte orthodoxe. Le pape participera enfin à une conférence sur la paix à l'université Al Azhar. 

Il devrait profiter de l'opportunité pour aborder le thème des migrants. Dans une vidéo diffusée cette semaine il expliquait, qu'en Egypte, il serait un voyageur "au pays qui donna refuge à l'enfant Jésus, à Joseph et à Marie". Une manière, à nouveau, de marier l'actualité et le passé de l'Eglise pour tenter de peser sur son temps. 

Robin Verner