Corée du Sud: les serveuses qui ont fait "défection" du Nord entendues par une commission

Les serveuses n'avaient pris conscience de leur destination que lorsqu'elles s'étaient retrouvées devant l'ambassade de Corée du Sud en Malaisie. - Ed JONES / AFP
La Commission sud-coréenne des droits de l'Homme a commencé à rencontrer certaines des 12 serveuses nord-coréennes au coeur d'une polémique entre Pyongyang et Séoul, afin de déterminer si leur défection au Sud en 2016 fut volontaire ou forcée.
Cette affaire qui avait fait grand bruit suscite depuis longtemps la controverse. Pyongyang affirme qu'elles ont été enlevées et Séoul martèle qu'elles ont fait défection de leur plein gré.
Les serveuses vont être écoutées par la Commission nationale pour connaître les causes de leur défection
Dans des révélations explosives en mai, le gérant du restaurant nord-coréen de la localité chinoise de Ningbo où travaillaient les serveuses a raconté qu'il leur avait menti sur leur destination finale et leur avait fait du chantage pour qu'elles le suivent au Sud.
La Commission nationale des droits de l'Homme, plus haute autorité sud-coréenne en matière de droits de l'Homme, avait annoncé en juillet une enquête sur cette affaire, ainsi que l'avait demandé le rapporteur de l'ONU sur la Corée du Nord, Tomas Ojea Quintana, qui avait estimé que les serveuses ne savaient pas en réalité où elles allaient.
"Nous avons interrogé certaines des serveuses", a déclaré mardi sous couvert de l'anonymat un responsable de la commission sud-coréenne. "Nous projetons de rencontrer aussi les autres, si elles souhaitent nous parler", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.
"Une enquête indépendante et exhaustive" pour faire la lumière sur l'affaire
Tomas Ojea Quintana avait appelé le gouvernement sud-coréen à mener "une enquête indépendante et exhaustive" pour faire la lumière sur l'affaire et "demander des comptes aux responsables".
Le gérant du restaurant, Heo Gang-il, avait expliqué avoir été recruté par le Service national du renseignement sud-coréen (NIS) en 2014 en Chine.
Deux ans après, craignant d'être démasqué, il avait demandé à son agent traitant d'organiser sa défection. A la dernière minute, avait-il dit, l'agent lui avait demandé de venir avec ses employées.
Les serveuses n'avaient pris conscience de leur destination que lorsqu'elles s'étaient retrouvées devant l'ambassade de Corée du Sud en Malaisie.
Pour la Corée du Nord cette défection est un enlèvement
La Corée du Nord a maintes fois présenté cette défection comme un enlèvement, et des organisations de défense des droits de l'Homme avaient aussi exigé une enquête indépendante.
Ainsi les Avocats pour une société démocratique, un groupe influent d'avocats, qui n'a pas pu avoir accès aux serveuses, ont-ils demandé que les responsables de cette affaire reçoivent "une punition sévère".
Cette organisation a également demandé que l'on permette aux serveuses de repartir au Nord et de retrouver leurs familles.