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Canada: "On a vu un affolement, avec des policiers qui arrivaient en masse"

Patrouille de police sur Wellington street, non loin du Parlement canadien et du mémorial où un soldat a mortellement blessé.

Patrouille de police sur Wellington street, non loin du Parlement canadien et du mémorial où un soldat a mortellement blessé. - Mike Carroccetto - Getty Images North America - AFP

Ouvriers du BTP, députés, maire français en déplacement, tous ont été témoin mercredi des attaques perpétrées contre un mémorial militaire et contre le Parlement canadien, à Ottawa. Récits.

Tout commence par des coups de feu, dont certains attribuent le bruit à d'autres causes possibles, ne voulant sans doute pas croire à une attaque en ce lieu. Puis les forces de sécurité poursuivant de présumés terroristes entrant avec fracas et en courant dans le Parlement, avant qu'un confinement pour ceux qui se trouvaient à l'intérieur de l'édifice ne soit mis en place. Enfin, l'émotion et la certitude d'avoir survécu à une journée "qui change tout".

Des Canadiens, ouvriers, députés et un élu Français, le maire d'Arras, ont raconté comment ils ont vécu cette journée qui a vu l'attaque du Parlement canadien à Ottawa et la mort d'un soldat posté devant le monument aux morts de la ville.

"On a entendu des coups de feu"

Scott Walsh, ouvrier du BTP, était bien malgré lui aux premières loges lors de l'attaque du Parlement. Il raconte comment il a croisé la route d'un des terroristes présumés. "On a entendu deux coups de feu au-dessus de Wellington, il y avait une femme avec un bébé et une poussette, elle criait en courant. J'étais en train de venir vers elle pour l'aider et c'est là que j'ai vu un homme avec un masque sur son visage, une écharpe et de longs cheveux bruns. Je crois qu'il portait un pantalon bleu et une veste noire. Il a couru du côté de l'immeuble ici (le témoin montre la direction en tendant le bras, ndlr), il a braqué une voiture sans blesser le conducteur puis il est parti dans la direction de l'édifice".

Raivo Nommik, ouvrier qui se trouvait également sur les lieux décrit lui aussi l'un des agresseurs présumés et dit avoir vu "un fusil avec un long barillet". Concernant le terroriste lui-même, il décrit une personne "habillée en civil avec une capuche et un bandana". Cette description d'un homme arborant une capuche aurait aussi été faite par une personne travaillant à la bibliothèque du Parlement, a indiqué le député John McKay.

"Toute la colline parlementaire est confinée"

"C'est toute la colline parlementaire qui est confinée, car il y a le Parlement mais aussi plusieurs édifices situés à peu près à 200 mètres autour", expliquait pendant ces événements la députée Annick Papillon. "L'indication est de rester confiné dans les bureaux jusqu'à ce qu'il y ait un nouvel ordre. Les informations nous parviennent au compte-gouttes, on n'a aucune idée de l'ensemble de la situation", expliquait-elle.

Le député Jean-François Fortin expliquait, lui aussi en situation, avoir reçu "rapidement" des consignes similaires, à savoir "rester confiné là où nous étions, de ne pas nous déplacer. Des informations ont circulé parmi les réseaux sociaux". "Il y avait une frénésie, les forces de sécurité recherchaient un ou des individus sans être capables d'identifier dans quelle partie du Parlement ils étaient, donc la première heure a été frénétique".

Un maire français témoin de la scène

Frédéric Leturque, maire d’Arras, qui se trouvait au Canada au moment des faits, raconte lui aussi sa version et ce détail d'agenda qui, peut-être, lui a sauvé la vie. "On a vu un affolement, avec du personnel qui sortait en pleurs du Parlement, avec des policiers qui arrivaient en masse. On a eu de la chance que notre rendez-vous ait été décalé de 10 minutes, parce que les choses (les coups de feu, ndlr) se sont passées à ce moment-là. Si ce rendez-vous n'avait pas été décalé, je ne sais pas comment les choses se seraient passées. La chef du protocole qui nous attendait dans le hall a été blessée. Ensuite nous avons été confinés à l’hôtel".

"Le genre de journée qui change tout"

Le député John McKay a fait le même récit que ses collègues du Parlement. Il a lui aussi entendu des coups de feu croyant au début "à de la dynamite ou à des travaux", alors qu'il était en train d'enlever sa veste pour se rendre dans l'hémicycle. Il a ensuite été invité par les agents de sécurité qui courraient en entrant dans le Parlement à se mettre à l'abri derrière le Parlement. A la sortie, il fait part de son émotion: "On a appris pour le soldat (sa mort, ndlr), c'est le genre de journée qui change tout".