L'incroyable imposture du "Beethoven japonais"

Mamoru Samuragochi, le 28 décembre 2013 au Japon. - -
Ni Ludwig, encore moins Beethoven. Le Japonais Mamoru Samuragochi n'était pas compositeur classique et même pas sourd, contrairement à ses dires, a affirmé ce jeudi son "nègre" dans une interview à un hebdomadaire suivie d'une conférence de presse sur une arnaque de près de 20 ans.
Devant des dizaines de journalistes, mitraillé par les flashes, Takashi Niigaki est sorti de l'ombre et d'un silence de 18 ans.
Retransmise en direct à la télévision, la confession dure plus d'une heure. Les mots sont lâchés d'un ton monocorde et disparaissent presque sous le crépitement des appareils : "depuis 18 ans, je suis le nègre de Samuragochi".
Le Beethoven Japonais avait romancé sa vie
Selon le récit romancé de sa vie, Samuragochi était devenu complètement sourd à 35 ans, mais a continué à composer, notamment la "Symphonie No.1, Hiroshima", en hommage aux victimes de la bombe nucléaire qui avait ravagé cette ville de l'Ouest du Japon le 6 août 1945.
Avec ses lunettes fumées et sa longue chevelure noire, le "Beethoven japonais" avait conquis la gloire et les coeurs au fil des ans depuis une vingtaine d'années, en composant malgré sa surdité proclamée.
"Depuis la première fois où je l'ai vu jusqu'à maintenant, je n'ai pas pensé une seule fois qu'il pouvait être sourd", lâcha jeudi son nègre.
Samuragochi "profondément désolé"
Dans l'entretien à l'hebdomadaire Shukan Bunshun, le professeur de musique à mi-temps Niigaki, âgé de 43 ans, détaille. "Je pensais être son assistant, mais plus tard j'ai réalisé qu'il était incapable de composer. En fait d'assistant, j'étais complice".
"Cela a dû être dur pour lui de jouer les sourds. Dernièrement j'étais chez lui, seul à seul, et nous avons parlé normalement dès le départ", affirme encore le professeur.
Depuis ces révélations, Samuragochi reste muet mais a fait savoir mercredi via son avocat, dans un communiqué obtenu par l'AFP, qu'il était "profondément désolé d'avoir trahi ses fans et déçu les autres. Il sait qu'il n'a aucune excuse".