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Boeing disparu: les zones d'ombre d'une disparition toujours inexpliquée

Officiers de l'armée de l'air indonésienne à la recherche du Boeing disparu, sur la base de Sumatra en Indonésie, ce mercredi 12 mars.

Officiers de l'armée de l'air indonésienne à la recherche du Boeing disparu, sur la base de Sumatra en Indonésie, ce mercredi 12 mars. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Quelle a été la trajectoire de l'avion? Pourquoi a-t-il disparu si brusquement des radars et pourquoi est-il aussi difficile de le retrouver? Cinq jours après sa disparition au large de la Malaisie, BFMTV.com fait le point sur l'enquête.

Les jours passent, les recherches ne faiblissent pas mais le mystère s'épaissit autour du vol MH370. Le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines a disparu dans la nuit de vendredi à samedi alors qu'il effectuait la liaison entre Kuala-Lumpur, la capitale malaisienne, et Pékin, en Chine. Depuis cinq jours, des dizaines et navires, d’avions et d’hélicoptères envoyés par neuf pays participent aux opérations sur place. Mais les recherches sont toujours infructueuses. Et les zones d'ombre subsistent.

> Quelle a été la trajectoire du Boeing?

Le vol MH370 a décollé à 0h41, samedi, de Kuala Lumpur. A 1h30 du matin, il était repéré par des radars civils au large des côtes vietnamiennes, c'est-à-dire sur sa route vers la Chine. C'est en pleine mer de Chine, quelque part entre la côte orientale de la Malaisie et le sud du Vietnam, que le contrôle aérien a perdu sa trace. L'avion aurait en effet coupé tous ses moyens de transmission. Jusque là, les conditions météo étaient bonnes, et l'équipage n'avait reporté aucun problème en vol.

Selon de nouveaux éléments communiqués par des sources au sein de l'armée de l'air malaisienne et rapportés mardi par CNN, le Boeing aurait alors presque fait demi-tour pour repartir en direction de la Malaisie, volant encore 70 minutes hors de sa trajectoire (voir ci-dessous). Car il aurait été repéré pour la dernière fois à 2h40 par les radars de l'armée au dessus d'une toute petite île, Pulau Perak, située au nord du détroit de Malacca qui sépare la Malaisie et l'Indonésie.

D'où l'extension mercredi des recherches à la mer d'Andaman, au nord-ouest de la Malaisie, soit à des centaines de kilomètres du périmètre de recherche initial situé dans la mer de Chine. Même si le chef de l'armée de l'air malaisienne, Rodzali Daud, a tenu à préciser mercredi qu'il n'était pas encore clair que le signal qui était apparu dans les radars militaires provenait bien de l'avion disparu, souligne CNN.


> Pourquoi a-t-on perdu toute trace de l'avion?

La coupure des moyens de transmission et des outils de navigation de l'appareil laissent ouverte la thèse du problème mécanique, par exemple un panne électrique. L'avion, qui survolait alors la mer de Chine, aurait dévié sa trajectoire pour tenter de se poser en catastrophe, expliquant que les radars aient perdu sa trace.

Pour disparaître des écrans radars, il suffit en effet qu'un avion descende sous une certaine altitude et qu'il ne soit plus repérable par le système ou que l'engin entre dans une zone "désertique", expliquait lundi Jean Serrat, ancien pilote de ligne, à BFMTV.com. L'engin aurait ensuite pu s'abîmer en mer.

Mais la piste terroriste reste également plausible, réaffirmait mardi soir la CIA: à partir de 1h30 du matin, des individus auraient pu prendre les commandes de l'appareil qu'ils auraient détourné en dehors de la trajectoire prévue et vers une destination qui reste inconnue. L brusque disparition de l'avion peut aussi s'expliquer par une explosion en vol.

Le patron de la CIA, John Brennan, a fait état mardi soir de "revendications", tout en ajoutant que celles-ci n'avaient "pas du tout été confirmées ou corroborées". Il a refusé "d'écarter la piste terroriste", taclant l'organisation de police internationale Interpol qui, quelques heures auparavant, semblait enterrer la piste de l'acte terroriste.

> Pourquoi des téléphones de passagers fonctionnaient-ils toujours?

Après la disparition de l'avion, des proches des passagers du Boeing 777 ont essayé de les appeler, indiquait mardi le Washington Post. Certains téléphones auraient alors sonné, sans que jamais personne ne décroche. Selon The Strait Times de Singapour, des membres de la Malaysia Airlines auraient également essayé d'appeler les téléphones mobiles de membres d'équipage. Là encore, une sonnerie, mais pas de réponse.

En théorie, si un téléphone est détruit, éteint ou qu'il ne capte pas, les appels basculent directement sur le répondeur. D'où l'espoir que les portables des passagers n'aient pas été détruits. Emmanuelle Vivier, enseignante-chercheur en réseaux et télécoms à l'Isep, soulignait néanmoins mardi à BFMTV.com que la sonnerie que l'on entend en appelant quelqu'un ne provient pas du téléphone lui-même, mais de l'opérateur. "Ca lui sert à vous dire: 'C'est bon, vous êtes en ligne, je vous passe [votre interloculteur] dès que je l'ai trouvé'". Ainsi, les téléphones pourraient très bien être hors service sans que l'opérateur ait eu de message de déconnexion, d'où la persistance d'une sonnerie.

Le Washington Post indiquait également que, dimanche, plusieurs personnes apparaissaient connectées sur le service de messagerie chinois WeChat ou sur QQ, équivalent chinois de Skype. Toutefois, indiquait le Daily Mail, les passagers pouvaient très bien être connectés depuis un appareil ouvert ailleurs, à leur domicile ou sur leur lieu de travail.

> Que sait-on des passagers et de l'équipage?

L'avion était piloté par un équipage malaisien et expérimenté, comme le souligne CNN: le commandant de bord, Zaharie Ahmad Shah, était un "vétéran" de 53 ans avec à son compteur 18.365 heures de vol et trente-trois ans de service chez Malaysia Airlines.

En tout, 239 passagers se trouvaient dans l'appareil: 12 membres d'équipage et 227 passagers Parmi eux se trouvaient 154 ressortissants chinois et taïwanais et 38 Malaisiens. En tout, quatorze nationalités différentes étaient représentés, provenant de l'Asie Pacifique, d'Amérique du Nord et d'Europe (dont quatre Français).

Deux d'entre eux, de nationalité iranienne, étaient montés à bord avec des passeports volés. Selon la police malaisienne, ils étaient entrés dans le pays fin février avec des papiers iraniens et valides. L'utilisation de ces faux passeports pour prendre l'avion a un temps alimenté la piste terroriste autour de ces deux passagers.

L'enquête n'a néamoins révélé aucun lien entre ces deux jeunes hommes (âgés de 19 et 29 ans) et des groupes terroristes. Ils seraient plutôt des migrants cherchant à gagner clandestinement l'Europe: ainsi, le plus jeune était soupçonné de vouloir émigrer en Allemagne.

M. T.