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L'ancien cheval de course est devenu un peintre à la mode

Metro, un ancien cheval de course devenu peintre

Metro, un ancien cheval de course devenu peintre - Youtube

Un ancien cheval de course à la retraite s'est mis à la peinture, assisté par son propriétaire. Ses créations ont un tel succès qu'elles ont permis de financer les soins coûteux dont il avait besoin. Et de venir en aide à d'autres chevaux.

Il est sans doute le seul spécimen de son espèce à savoir manier le pinceau. Metro, un ancien cheval de course à la retraite, peint des tableaux qui se vendent plutôt bien. Au-delà de l'originalité de cet artiste sur sabots, l'initiative avait pour but -à l'origine- de lui sauver la vie. Car lorsqu'en 2009 le cheval est adopté par Ron Krajewski -un Américain lui-même artiste peintre- une sérieuse blessure au genou est découverte. Suffisamment grave pour compromettre son avenir.

Grièvement blessé au genou

En 2012, son état s'aggrave. Plusieurs mois de traitement et de rééducation ne suffisent pas à remettre Metro d'aplomb. Le vétérinaire découvre même lors d'une radio que son genou est au plus mal, rapporte la BBC. Le diagnostic tombe: il ne reste à l'équidé que deux ans à vivre avant qu'il faille l'abattre -un cheval grièvement blessé aux jambes est en général condamné.

Mais Ron Krajewski ne se résout pas à ce sursis. "Je ne voulais pas le mettre au pré et l'oublier. Je réfléchissais à un moyen de passer du temps ensemble", a témoigné pour la chaîne de télévision britannique le propriétaire de l'équidé, qui réside à Gettysburg en Pennsylvanie, dans le nord-est des États-Unis.

Ses quatre premiers tableaux vendus en une semaine

Il se trouve que l'ancien crack, qui a remporté huit prix et une dotation de près de 280.000 euros lors d'une prestigieuse course hippique dans la banlieue de New York, ne cesse de hocher la tête et de saisir tout ce qui lui passe sous la bouche. Pour Ron Krajewski, c'est l'occasion d'initier son cheval à la peinture.

"Je lui ai appris à toucher la toile avec son nez avec des bonbons, puis de lui faire tenir un pinceau. Il aurait pu juste toucher la toile avec le pinceau puis le laisser tomber et ça aurait été la fin de l'histoire. Mais heureusement il a commencé à donner des coups de bas en haut et à aimer ça."

150 acheteurs sur liste d'attente

Ron Krajewski juge les œuvres de son cheval -qu'il assiste dans la réalisation et le choix des couleurs- si bonnes qu'elles sont rapidement exposées dans une galerie. Les quatre premières peintures sont vendues en une semaine. En 2014, 150 personnes sont même inscrites sur une liste d'attente pour acquérir les créations de Metro.

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"Un humain ne pourrait réaliser les mêmes coups de pinceau de Metro, parce qu'il ne pense pas à ce qu'il fera avant de le faire. Ses touches sont épaisses, aléatoires et parfois cassées, ce qui permet à d'autres couleurs d'apparaître. Ça vibre sur la toile", confie son propriétaire et premier fan.

La vente des œuvres a permis de financer un traitement expérimental pour son genou et d'allonger sensiblement l'espérance de vie de Metro, qui a récemment fêté ses 14 ans. Il existe aussi un cahier de coloriage, inspiré de ses créations, et un livre qui retrace son histoire, comme l'indique le site qui lui est consacré.

"Il aime la sensation du pinceau sur la toile"

Ron Krajewski a bien essayé d'initier aux arts visuels son autre cheval, baptisé Pork Chop -ou "côtelette de porc" en français- mais sans succès. Le retraité de l'armée de l'air américaine rend visite à ses chevaux cinq fois par semaine, deux de ses visites sont consacrées à des séances de vingt minutes de peinture. Un atelier a même été aménagé à proximité de son boxe. "Metro a un petit espace dans la grange que l'on appelle son studio. Tout est prêt pour qu'il peigne."

Ron Krajewski assure que Metro prend beaucoup de plaisir dans ses activités artistiques. "Je peux installer un chevalet dans le champ, il va alors arrêter de brouter et venir me voir." Mais il n'est pas certain que l'artiste soit véritablement conscient de son art: un cheval ne voit pas ce qui se trouve entre ses yeux en face de lui jusqu'à 1m et ne perçoit que les couleurs allant du bleu au jaune, ne distinguant pas le rouge ni le vert, comme le rappelle le site des haras nationaux. "Je pense qu'il aime la sensation du pinceau sur la toile", croit savoir son propriétaire.

Ses tableaux, vendus entre 45 et 460 euros, ont déjà permis de collecter plus de 73.000 euros. Une somme reversée à une association qui vient en aide à d'anciens chevaux de course. Une soixantaine d'entre eux ont ainsi pu être sauvés grâce aux talents de Metro.

C.H.A.