Présidentielle américaine: qui pourra stopper Donald Trump?

Donald Trump, le 21 février, à Atlanta. - Branden Camp - Getty Images North America - AFP
La question fait les gros titres de la presse, outre-Atlantique. Après ses victoires consécutives lors des primaires dans le New Hampshire et en Caroline du Sud, Donald Trump est en train de confirmer dans les urnes la tendance affichée par les sondages depuis déjà plusieurs mois.
Alors que les éditorialistes politiques américains s'attachaient depuis le mois de juin à déconstruire la candidature du magnat de l'immobilier, jugée fantaisiste, sa victoire à l'investiture républicaine est désormais considérée comme possible. Et ses résultats lors des deux dernières primaires (35% des voix républicaines dans le New Hampshire, 32,5% en Caroline du Sud) l'attestent.
Le mea culpa de la presse américaine
Au lendemain de sa deuxième victoire, la presse américaine s'interroge. "Quelqu'un peut-il stopper Donald Trump?", demande ainsi le New York Times, tandis que le site Politico pose la même question.
"Au cours des derniers mois et même des dernières semaines, la question parmi les républicains traditionnels ébahis et les analystes politiques incrédules était de savoir quand les forces de la gravité ferait chuter Donald Trump sur Terre. Cela allait arriver. Bien sûr que cela allait arriver. Il s'agissait juste d'être patient. Il s'agissait juste d'être fort. Mais à la suite de ses victoires dans le New Hampshire et maintenant en Caroline du Sud, la question n'est plus de savoir quand, mais si cela arrivera", écrit le New York Times. Avant de rappeler que depuis 1980, le candidat républicain qui remporte le New Hampshire et la Caroline du Sud est celui qui gagne l'investiture.
D'autres titres de la presse américaine livrent une analyse beaucoup moins subtile de la situation et pointent du doigt le choix des habitants de Caroline du Sud. Alors que le New York Post parle du "grand balancement des Etats-du-Sud", le Daily News, lui, s'attaque sans détour au candidat milliardaire et à ses électeurs, en titrant sur la "Confédération des imbéciles".
"Du cauchemar à la réalité"
La question de l'hypothèse désormais plus que crédible de voir Trump candidat à la Maison Blanche est également posée par la presse française. "Trump, du cauchemar à la réalité" titre ainsi Libération ce lundi.
"Désormais, le doute n'est plus permis: oui, le milliardaire new-yorkais, populiste et provocateur pourrait représenter le camp conservateur lors de l'élection présidentielle du 8 novembre", écrit le journal, qui souligne que Donald Trump s'est imposé en Caroline du Sud dans la quasi-totalité des catégories d'électeurs.
Après des débuts tonitruants, la candidature du magnat de l'immobilier a en effet muté en mouvement national de contestation contre les élites politiques et les "politiciens" traditionnels, un rassemblement hétéroclite de républicains conservateurs mais aussi modérés, qui pourrait lui garantir la victoire finale.
Donald Trump bénéficie également de l'éparpillement des voix, lié à l'importance du nombre de candidats côté républicain. Tant que le reste des voix se divisera entre les autres prétendants à l'investiture, l'homme d'affaires semble assuré de rester en tête. Or, à partir du 15 mars, la plupart des Etats attribueront l'intégralité de leurs délégués au candidat qui arrivera en tête des primaires. Il pourrait donc rafler la plupart des délégués nécessaires pour décrocher l'investiture à la Convention nationale du parti, en juillet. Mais si les autres candidats se retiraient, les électeurs pourraient en théorie faire émerger un homme capable d'unifier le camp anti-Trump.
L'alternative Rubio
Et le rassemblement anti-Trump pourrait venir de Marco Rubio. Arrivé deuxième derrière le milliardaire en Caroline du Sud, avec 22,4% des voix, le jeune sénateur de Floride avait déjà brillé lors du caucus de l'Iowa, en se positionnant en troisième place.
Le benjamin de l'élection, d'origine cubaine, pourrait bel et bien devenir le candidat de l'establishment et bénéficier du retrait de Jeb Bush, et éventuellement de celui de John Kasich, si celui-ci décide à son tour de se retirer. D'une façon plus globale, il pourrait devenir le candidat de l'alternative à Donald Trump, côté républicain, alors que Ted Cruz, l'autre challenger, champion de la droite religieuse, peine à dépasser le noyau ultra-conservateur. La course à l'investiture républicaine pourrait donc rapidement se transformer en course à trois.