États-Unis: la mortalité infantile est en hausse depuis le recul du droit à l'avortement

En juin 2022, la Cour suprême a redonné aux États la possibilité de légiférer sur le droit à l'avortement. Depuis, la mortalité infantile est en hausse, selon une étude scientifique publiée ce lundi.

C'est une décision qui avait suscité la colère des démocrates et des associations de défense des droits des femmes. En juin 2022, la Cour suprême américaine, à majorité conservatrice, avait redonné aux États le pouvoir de légiférer sur le droit à l'avortement. Ces deux dernières années, au moins une vingtaine d'États ont restreint, au moins partiellement, les droits d'interrompre volontairement une grossesse.

Parmi eux, le Texas: selon une étude publiée en juin dernier, cet État a connu entre 2021 et 2022 une augmentation de 12,9% du taux de mortalité infantile, après l'entrée en vigueur des rectrictions à l'avortement les plus strictes des États-Unis. Selon une étude scientifique publiée ce lundi 21 octobre, cela a eu pour conséquence une hausse de la mortalité infantile dans tout le pays, notamment en raison d'anomalies congénitales, dans les mois qui ont suivi cette décision.

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Publiée dans la revue JAMA Pediatrics, cette publication dirigée par des scientifiques de l'Université de l'Ohio explique que "la mortalité infantile aux États-Unis a été plus élevée que ce quoi à nous nous attendions".

En octobre 2022, en mars 2023 et en avril 2023, les taux de mortalité infantile étaient 7% plus élevés qu'habituellement à l'échelle nationale, avec 247 morts supplémentaires pour chacun de ces mois. La majorité de ces décès ont été attribués à des anomalies congénitales.

"Ce sont des cas dans lesquels, avant la décision de la Cour suprême, il aurait été possible d'avorter plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant", souligne Maria Gallo.

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Cette étude n'est qu'une première étape pour les scientifiques. Désormais, ces derniers chercheront à savoir si cette hausse a été observée dans tous les États ou si elle s'est concentrée dans ceux ayant restreint l'IVG. "Il y a un bilan humain plus large à prendre en compte, en incluant les conséquences sur la santé mentale de se voir refuser un avortement ou d'être forcé à mener à terme une grossesse quand le fœtus présente une anomalie congénitale mortelle", ajoute Parvati Singh, l'une des chercheuses ayant travaillé sur cette étude.

À deux semaines de l'élection présidentielle, Joe Biden souhaite étendre le remboursement de la contraception en incluant celles réalisées sans ordonnance. La thématique de le droit à l'avortement aura été un des sujets phares de cette campagne entre Kamala Harris, partisane de ce droit, et son adversaire républicain Donald Trump, plus discret sur la question.

Matthieu Heyman avec AFP