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Etats-Unis: la greffière qui refusait de marier les homosexuels devient l'icône des conservateurs

Kim Davis au moment de sa libération, mardi 8 septembre, accompagnée de son mari.

Kim Davis au moment de sa libération, mardi 8 septembre, accompagnée de son mari. - Ty Wright - Getty Images North America - AFP

Une greffière ayant refusé de délivrer des certificats de mariage à des couples homosexuels est devenue la nouvelle égérie anti-mariage homo, outre-Atlantique. Après avoir passé six jours derrière les barreaux, elle a été libérée, mardi.

Son refus catégorique d'appliquer la loi sur le mariage homosexuel lui avait valu d'être condamnée à de la prison, jeudi dernier. Kim Davis, une greffière originaire du Kentucky, aux Etats-Unis, a finalement été libérée mardi, après avoir passé six jours derrière les barreaux pour avoir refusé de délivrer des certificats de mariage à des couples homosexuels, alors que la Cour suprême a légalisé le mariage homo dans tout le pays, fin juin. Sa défiance envers l'administration lui a valu de devenir l'icône des milieux évangélistes et conservateurs du pays et la nouvelle égérie anti-mariage homosexuel outre-Atlantique.

Loi divine

Chrétienne évangélique, Kim Davis, 49 ans, s'est attirée le soutien de nombreux Américains dans la galaxie des groupes religieux conservateurs en refusant de se plier à la loi sur le mariage entre personnes de même sexe depuis sa promulgation, au début de l'été, au nom de la loi de Dieu. 

Délivrer un certificat de mariage à des personnes de même sexe "violerait mes convictions religieuses", a assuré la greffière, qui, avant cette affaire, assumait la routine de ses taches administratives depuis plus de 25 ans sans jamais faire de vagues. Dans son esprit, l'échelle hiérarchique est simple: Dieu est au-dessus, Washington et ses lois humaines en-dessous.

Kim Davis, qui porte une longue natte et affectionne les amples jupes descendant jusqu'aux chevilles, est ainsi devenue un symbole de ce combat éternel aux Etats-Unis, opposant modernité et conservatisme, suprématie du droit et libertés religieuses.

Preuves en vidéo

Confessant avoir "remis (sa) vie entre les mains de Jésus-Christ", Kim Davis affirme n'avoir "aucune animosité" envers les homosexuels. "Pour moi, il ne s'agit pas d'un problème concernant les gays ou les lesbiennes. Il s'agit du mariage et de la Parole de Dieu. Cela relève de la liberté de culte, protégée par le Premier amendement" de la Constitution, se défend-elle.

Au coeur de la tempête médiatique se trouvent aussi deux hommes, David Moore et David Ermold, qui s'étaient présentés cet été au bureau d'état civil du comté de Rowan, prêts à convoler en justes noces. Le couple a pris soin d'enregistrer en vidéo le refus qu'ils se sont vu opposer par Kim Davis.

D'autres couples ont fait la même démarche, cette fois entourés d'une nuée de journalistes, essuyant la même fin de non recevoir de la part de la greffière. "Nous ne délivrons pas de certificats de mariage aujourd'hui", affirme posément la rondelette greffière, dans une séquence consultable sur Internet. "Au nom de quelle autorité?", lui demande alors quelqu'un. "Au nom de l'autorité de Dieu", répond-elle calmement.

Plusieurs plaintes

David Moore et David Ermold, avec un autre couple d'homosexuels et deux couples d'hétérosexuels, ont porté l'affaire devant la justice. Tour à tour, un tribunal fédéral et une cour d'appel ont donné tort à Kim Davis.

La fonctionnaire s'est vu reprocher son "hypocrisie" par des gens qui ont disséqué sa vie conjugale mouvementée, marquée par trois divorces et quatre mariages. Ce à quoi l'intéressée a rétorqué qu'il s'agit de sa vie antérieure, avant qu'elle ne découvre la "grâce", il y a quatre ans, et qu'elle rejoigne les rangs des chrétiens évangéliques convertis, appelés ici "born again".

Soutien de la droite conservatrice américaine

Kim Davis a reçu le soutien de plusieurs figures de la droite chrétienne conservatrice. Le sort de Kim Davis "balaie les derniers doutes sur la criminalisation de la chrétienté dans ce pays", avait estimé Mike Huckabee, un prétendant républicain à la Maison Blanche en 2016., au moment de sa condamnation. "Je suis honoré d'avoir rencontré Kim Davis. Une femme de foi et de conviction", a-t-il tweeté mardi après la libération de l'intéressée, accompagnant son message du hashtag "Je suis avec Kim" et d'une photo.

"Aujourd'hui, pour la première fois dans l'Histoire, le gouvernement a placé en détention une femme chrétienne en raison de sa foi. C'est une faute. Ce n'est pas l'Amérique", avait de son côté commenté le sénateur du Texas Ted Cruz, également aspirant à l'investiture républicaine pour 2016. Et comme son rival Huckabee, Ted Cruz a posté une photo sur Twitter mardi, sous le message "Grâce à Dieu Kim a été libérée!".

Adrienne Sigel, avec AFP