Débat républicain: les rivaux de Donald Trump lâchent leurs coups

Le candidats à la primaire républicaine, Ben Carson, Marco Rubio, Donald Trump, Ted Cruz et John Kasich le 25 février 2016 lors d'un débat à Houston - Thomas B. Shea, AFP
Programme flou, incohérent: les rivaux républicains de Donald Trump ont décoché leurs flèches aiguisées jeudi, lors d'un nouveau débat télévisé entre les candidats, tendu et confus, au cours duquel le milliardaire a rendu coup pour coup. Ce dixième débat entre les candidats du "Grand Old Party" avait un relief particulier avant le "Super Tuesday", le rendez-vous du 1er mars où le vote simultané dans 14 Etats pourrait déterminer dans une large mesure qui portera les couleurs républicaines lors de l'élection présidentielle de novembre.
Rubio en forme
"Quel est votre projet? Quel est votre projet?", a lancé Marco Rubio avec une virulence qu'on ne lui connaissait pas, pour dénoncer les approximations du magnat de l'immobilier.
Mais le jeune sénateur de Floride, qui espère s'imposer comme le candidat de l'establishment, s'est aussi ouvertement moqué de son adversaire qu'il a accusé de n'avoir quelques formules toutes faites à offrir, retournant avec habileté un reproche qui lui avait été adressé il y a quelques semaines. "Et maintenant il se répète: 'Nous allons rendre l'Amérique forte. Gagner, gagner, gagner'", a-t-il ironisé.

La fortune de Trump au coeur du débat
Fort de ses trois victoires consécutives (New Hampshire, Caroline du Sud, Nevada), et de son statut de grand favori des sondages, l'homme d'affaires s'en est tenu à son argument favori: je gagne, le reste est sans importance. Mais il a aussi montré des signes d'agacement, comme lorsqu'il a été interrogé sur sa fortune.
Le sujet est revenu sur le devant de la scène avec les déclarations de l'ex-candidat du parti Mitt Romney qui a affirmé que sa déclaration de revenus cachait peut-être "une bombe".
Exaspéré par les questions sur ce thème, il a esquivé: "Je sais que c'est bon pour l'audience, mais c'est un peu ridicule quand même", a-t-il répondu lorsqu'un journaliste revenait sur le sujet.
Vifs échanges sur l'immigration
Les échanges ont également été vifs sur le thème de la diplomatie, même si parfois très éloignés de la géopolitique. "Je suis un négociateur", a lancé Donald Trump affichant sa volonté de trouver une issue diplomatique au conflit israélo-palestinien. "Ce n'est pas un contrat immobilier!", a rétorqué, du tac-au-tac, Marco Rubio.
Mais c'est sur l'immigration que les échanges ont été les plus vifs. "S'il construit le mur (entre les Etats-Unis et le Mexique) comme il a construit les Trump Towers, il va avoir recours à des clandestins !", a lancé le sénateur de Floride. "Taisez-vous, taisez-vous", a rétorqué Trump. "J’ai embauché des dizaines de milliers de personnes dans ma vie, vous n'avez jamais embauché personne". Marco Rubio est soucieux de donner une image de fermeté après avoir été accusé d'avoir fait volte-face sur ce sujet. Fils d'immigrés cubains, il avait soutenu en 2013 au Sénat un ambitieux projet de régularisations.
L'homme d'affaires de 69 ans a une nouvelle fois martelé sa volonté de construire un "grand" mur à la frontière avec le Mexique, dénonçant les propos de l'ex-président mexicain Vicente Fox. Ce dernier s'est mêlé au débat jeudi en assurant qu'il n'entendait pas "payer pour ce putain de mur" et en appelant les Hispaniques vivant aux Etats-Unis à ne pas suivre ce "faux prophète".
Cruz et Rubio, les principaux challengers de Trump
"L'un est imposteur, l'autre est un menteur", a fini par lâcher la candidat Trump à l'encontre de Marco Rubio et Ted Cruz, les deux seuls qui semblent encore en mesure de viser la victoire finale.
Le neurochirurgien retraité Ben Carson et le gouverneur de l'Ohio John Kasich, qui porte un message moins sombre que ses rivaux sur l'état de l'Amérique, ont eu beaucoup de mal à se faire entendre. "Quelqu'un peut-il m'attaquer s'il vous plait", a lancé le déconcertant neurochirurgien en fin de débat, semblant rire de son propre sort.