Virus Ebola: le Nigeria passe en état d’alerte

Photo d'illustration, présentant une infirmière ougandaise, chargée de soigner des patients atteints d'Ebola. - -
Les autorités ont placé tous les ports et les aéroports du Nigeria en alerte, ce samedi, pour prévenir une propagation de la fièvre Ebola, au lendemain de l'annonce du premier cas mortel dans le pays. Le ministère de la Santé nigérian avait indiqué vendredi qu'un ressortissant libérien avait succombé au virus Ebola à Lagos, la plus grande ville d'Afrique.
Un défi
Contenir une éventuelle flambée de la maladie dans la capitale économique du Nigeria, une mégapole de plus de 20 millions d'habitants aux infrastructures sanitaires en piteux état et aux hôpitaux publics mal équipés et sous-financés, sera un défi, ont déjà prévenu les experts.
Selon le ministre de la Santé, Onyebuchi Chukwu, aucune frontière ne sera fermée, le Nigeria n'ayant pas de frontière commune avec le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée, les trois pays touchés par l'épidémie sévissant depuis plusieurs mois en Afrique de l'Ouest. Mais des spécialistes du ministère de la Santé ont été déployés dans tous les ports et aéroports afin d'identifier tout visiteur souffrant de symptômes associés à l'Ebola.
Les médecins sont en grève
Une grève nationale des médecins, depuis le 1er juillet, vient encore compliquer la situation. Les responsables de l'Association médicale nigériane (NMA), à l'initiative du mouvement, ont été convoqués samedi en urgence à Abuja "dans le but de mettre fin à la grève nationale", selon un ancien président de l'association, Temiye Edamisan.
Le ministre de la Santé s'est voulu rassurant, la veille, en affirmant que "toutes les institutions médicales publiques du Nigeria ont été équipées pour parer à toute urgence" liée à la propagation du virus, avec notamment la mise à disposition de "médicaments et d'équipements médicaux".
A Lagos, Yewande Adeshina, la conseillère spéciale du gouverneur pour la Santé, a dit avoir reçu 30 tenues de protection pour le personnel hospitalier et en attendre 220 supplémentaires de la part des autorités fédérales - soit 250 combinaisons pour plus de 20 millions d'habitants. La priorité des autorités nigérianes semble être d'éviter la panique dans le pays le plus peuplé du continent (plus de 170 millions d'habitants).
D'autres contacts avec la population?
Selon les informations fournies vendredi par le ministre, le Libérien, âgé de 40 ans, avait été pris en charge mardi dès son arrivée à Lagos - il arrivait de Monrovia via Lomé, la capitale du Togo - parce qu'il souffrait de fièvre, de diarrhées et de vomissements, les symptômes associés au virus Ebola. Celui-ci a déjà fait 127 morts au Liberia.
Onyebuchi Chukwu a assuré que la victime n'avait pas eu le temps de se mêler à la population de Lagos et que tous les passagers du vol qu'il a emprunté entre Lomé et Lagos étaient suivis de près.
Un bilan qui s'alourdit, Air France vigilant
Mais un communiqué publié sur le site internet de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) reste plus vague quant à la date d'arrivée et à la date d'hospitalisation du patient, laissant planer le doute sur de possibles contacts avec la population.
Or la "fièvre hémorragique à virus Ebola", qui se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés, devient contagieuse au terme de la période d'incubation - entre deux et 21 jours - au moment de l'apparition des premiers symptômes. Le porte-parole du ministère de la Santé, Dan Nwomeh, a déclaré samedi que les autorités maintenaient leur version d'une hospitalisation immédiate du Libérien dès sa sortie de l'avion.
Selon de nouvelles données diffusées vendredi par l'OMS, le bilan de la flambée de fièvre hémorragique, en grande partie due au virus Ebola, continue de s'aggraver avec près de 1.100 cas et 660 morts, dont 28 décès entre les 18 et 20 juillet, en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone.
La compagnie aérienne Air France a annoncé samedi maintenir "son programme de vols de et vers le Nigeria, tout en suivant "en temps réel la situation sanitaire sur place".