La Centrafrique choisit son nouveau président de transition

Un soldat français de l'opération Sangaris surveille des musulmans s'apprêtant à fuir la Centrafrique, samedi 18 janvier, à Bangui. - -
Qui pour ramener la stabilité en Centrafrique? Après la démission de Michel Djotodia, le parlement provisoire centrafricain élit lundi un nouveau président de transition qui aura la lourde tâche de pacifier dans l'urgence un pays à la dérive.
Parallèlement à cette élection, l'Union européenne doit approuver dans la journée l'envoi d'au moins 500 soldats européens à Bangui, en soutien aux 1.600 Français de l'opération Sangaris -engagés depuis le 5 décembre avec l'approbation de l'ONU- et aux 4.400 militaires de la force africaine de maintien de la paix (Misca).
Huit candidats en lice
L'élection du président par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire), prévue à partir de 10h, doit combler le vide laissé par la démission contrainte de Michel Djotodia le 11 janvier dernier, accusé par la communauté internationale de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.
Sur les 24 candidatures déposées, seules huit ont été validées par le CNT. Les parlementaires ont fixé des critères draconiens d'éligibilité excluant beaucoup de monde: les responsables politiques sous Djotodia, les chefs de partis, les militaires d'active et tous ceux ayant appartenu à une milice ou à une rébellion ces 20 dernières années.
Parmi les candidats figurent la maire de Bangui, Catherine Samba Panza, ainsi que Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des présidents Ange-Félix Patassé, au pouvoir de 1993 à 2003, et André Kolingba (1981-1993). Autre personnalité en vue, Emile Gros Raymond Nakombo, banquier proche de l'ex-président Kolingba, déjà candidat à la présidentielle de 2011.
Chaque candidat a dix minutes pour présenter sa "profession de foi" aux parlementaires avant le vote à bulletin secret. La Constitution provisoire prévoit un seul tour de scrutin, le candidat arrivé en tête étant élu. L'élu prêtera ensuite serment devant la Cour constitutionnelle provisoire.
Angoisse de la population
Cette élection intervient alors que les massacres se poursuivent dans le pays. Au moins 50 corps de victimes de violences ont été découverts depuis vendredi dans le nord-ouest, selon la Croix-rouge.
A Bangui sillonnée par les soldats français et africains, l'élection était lundi matin au centre de toutes les conversations de la population, dont la moitié vit entassée dans des camps de déplacés. "Ramener la sécurité", "que tout se déroule normalement", les mêmes mots revenaient chez des habitants angoissés de voir quelles réactions provoquera l'élection du nouveau président chez les hommes en armes toujours présents dans la ville.
Des tirs ont été entendus dans un quartier du centre-ville pendant une partie de la nuit. Selon des habitants, il s'agissait de tirs de sommation de la Misca pour dissuader des habitants de manifester leur colère après la mort de deux jeunes les jours précédents.
Situation hors de contrôle
Le nouveau président de transition aura la lourde tâche de pacifier le pays, de remettre une administration totalement paralysée en état de marche et de permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux.
Il aura peu de temps: selon le calendrier de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015, la France souhaitant pour sa part qu'elles se tiennent en 2014. Un mois et demi après le début de l'intervention française, la situation sécuritaire dans la capitale, où la plupart des soldats français sont stationnés, s'améliore progressivement malgré des explosions localisées de violences.
Mais dans un pays de plus de 600.000 km2, très pauvre malgré son potentiel minier et africole, il reste très compliqué de se déployer dans les zones reculées et les témoignages d'habitants et d'ONG décrivent une situation chaotique et largement hors de contrôle.