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Afrique du Sud

Procès Pistorius: la parole est à la défense

L'athlète Oscar Pistorius lors de l'audience du 24 mars 2014 au tribunal de Pretoria.

L'athlète Oscar Pistorius lors de l'audience du 24 mars 2014 au tribunal de Pretoria. - -

Le procès d'Oscar Pistorius reprend lundi à Pretoria. La première déposition du champion paralympique, accusé d'avoir tué sa petite amie Reeva Steenkamp, devrait être le temps fort du jour.

La parole est à Oscar Pistorius. Plus d'un mois après le début de son procès, l'athlète est attendu à la barre ce lundi pour répondre des accusations du meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp, le soir du 14 février 2013.

En l'absence de témoin la nuit du drame, ses avocats tentent de lui obtenir, sinon l'acquittement, du moins le bénéfice du doute, lui-même affirmant depuis le début qu'il croyait faire feu sur un cambrioleur quand il a tiré dans le noir sur la porte fermée des WC de sa chambre. Une version mise à mal à de nombreuses reprises au cours des audiences précédentes.

Les éléments à charges

• Pourquoi quatre balles? C'est l'une des grandes questions en suspens qui fragilise la thèse de la légitime-défense d'Oscar Pistorius. L'expert balistique de la police sud-africaine a en effet conclu que Reeva Steenkamp était encore en vie lorsqu'elle a été touchée d'une première balle à la hanche. Derrière la porte des toilettes, elle a eu le temps de lever instinctivement ses mains au niveau de la tête pour se protéger avant que la quatrième balle ne lui perfore le crâne mortellement. Un témoignage qui accrédite la version selon laquelle la victime aurait eu le temps de crier.

• Un expert fait parler la porte des WC. Autre contradiction: un expert a estimé le 12 mars dernier qu'Oscar Pistorius n'avait pas ses prothèses quand il a défoncé avec une batte de cricket la porte des toilettes où gisait le corps de Reeva Steenkamp. Pourtant, l'athlète affirme le contraire.

• Pistorius, un amoureux des armes à feu. Deux proches d'Oscar Pistorius ont dessiné au fil des audiences le portrait d'un homme obsédé par les armes. Un ami boxeur de l'athlète a notamment révélé que Pistorius avait tiré un coup de feu par erreur lors d'un repas au restaurant, un mois avant la mort de Reeva Steenkamp. Quant aux balles utilisées le soir de cette Saint-Valentin meurtrière, il s'agit de "Black Talon", des munitions conçues pour faire "un maximum de dégâts".

Quand Reeva disait avoir "peur" de Pistorius. "Parfois j'ai peur de toi". Ce texto envoyé par Reeva Steenkamp à son compagnon le 27 janvier 2013, soit trois semaines avant sa mort, a révélé la jalousie maladive du champion, écornant du même coup l'image du couple filant le parfait amour défendue jusque-là par Oscar Pistorius.

Un légiste à la barre juste avant Pistorius

• Un témoignage attendu mais pas obligatoire. Lundi, Oscar Pistorius aura donc à répondre à une foule de questions. Lui qui a gardé le silence depuis l'ouverture de son procès le 3 mars dernier -signifiant simplement d'un un souffle qu'il plaidait non coupable- aura fort à faire pour imposer sa version. D'un strict point de vue légal, Oscar Pistorius n'est pas tenu de témoigner, mais s'il ne venait pas à la barre, la cour pourrait lui reprocher de n'avoir pas pu tester sa version.

• La défense interdit la retransmission des images. La défense a d'ores et déjà imposé une interdiction de retransmettre en direct à la télévision les images de ce témoignage très attendu de Pistorius: pas d'image, juste le son. Et ce sera sans doute déjà beaucoup de pression pour l'athlète qui a abondamment manifesté son trouble au cours de son procès, se murant ostensiblement en lui-même, soit plongé dans de la lecture soit se bouchant les oreilles quand les détails devenaient trop sanglants, pleurant, rougissant à la lecture de sms échangés avec la victime, vomissant. Il a un seau en plastique à sa disposition à ses pieds.

Avant Pistorius, un médecin légiste, Jan Botha, est appelé par la défense à s'exprimer devant le tribunal. Va-t-il contredire la police et démontrer que la jeune top-modèle a succombé dès le premier coup de feu? Si oui, cela supposerait qu'elle n'a donc pas eu le temps de crier et de permettre à Oscar de réaliser qu'il n'y avait pas d'intrus dans ses WC, mais seulement sa compagne.

S. C. avec AFP