Procès Pistorius: "Je voyais qu'elle respirait"

Oscar Pistorius au cours de l'audience du 7 avril 2014 - -
Oscar Pistorius n'a pas changé sa version. Depuis qu'il est à la barre lundi pour faire sa déposition sur la nuit du 14 février 2013, au cours de laquelle il a tué sa petite amie Reeva Steenkamp, l'athlète répète inlassablement que son acte n'était ni intentionné, ni prémédité. Mercredi, entre larmes et longs silences, il a soutenu cette version à la barre.
Revenant sur les minutes ayant précédé le meurtre, son avocat lui a demandé: "M. Pistorius, est-ce que vous avez eu l'intention à quelque moment que ce soit de tuer Reeva?". "Je n'avais pas l'intention de tuer Reeva, madame le juge, ni qui que ce soit", a répondu l'athlète.
Après une brève interruption, la parole est ensuite passée au redoutable procureur Gerrie Nel, pour le contre-interrogatoire. En un instant, le ton a changé. Pistorius a d'abord admis qu'il avait pu être un modèle pour des millions de sportifs et de handicapés. Puis il a murmuré: "J'ai fait une terrible erreur".
"Je sentais le sang couler sur moi"
C'est là que Gerrie Nel a explosé: "Vous avez fait une erreur? (silence) Vous avez tué quelqu'un, c'est ce que vous avez fait. (silence) Et vous ne voudriez pas prendre la responsabilité de cet acte ? ". "Si, madame le juge", a répondu Pistorius d'une voix cassée. "Dites oui, j'ai tiré sur Reeva Steenkamp et je l'ai tuée", a tonné le procureur. "Oui, je l'ai fait, madame le juge". L'audience a ensuite été suspendue, le temps pour la juge de trancher un litige entre le procureur et la défense.
Gerrie Nel venait de proposer au champion amputé de projeter une vidéo, déjà diffusée par une chaîne de télévision, le montrant en train de tirer au fusil sur une pastèque. L'avocat de Pistorius Garry Roux a fait objection, affirmant que le parquet n'avait pas le droit d'introduire de preuve nouvelle à ce stade de la procédure, dénonçant "un piège".
En début de matinée, c'est l'avocat Roux qui avait guidé Pistorius dans sa déposition. Après le récit du meurtre la veille, au cours duquel l'accusé avait réaffirmé qu'il croyait tirer sur un cambrioleur, le récit mercredi a porté sur les minutes ayant suivi les coups de feu. Après avoir défoncé avec une batte de cricket la porte des toilettes où Reeva était enfermée, Pistorius a découvert le corps ensanglanté de sa petite amie: "Je me suis agenouillé près de Reeva, j'ai regardé si elle respirait. La tête de Reeva reposait sur mon épaule, je sentais le sang couler sur moi", a-t-il dit, la voix cassée et secouée par les sanglots.
Savait-il que sa femme était dans les toilettes?
S'ensuit le récit des minutes de détresse de Pistorius, les premiers appels à l'aide, les coups de téléphone aux secours, l'arrivée des premiers voisins et de l'ambulance, bientôt suivis par la police. "Je ne savais vraiment pas quoi faire, je voyais qu'elle respirait, mais elle respirait avec difficulté. J'ai essayé de la soulever mais je n'ai pas pu, j'ai eu peur d'aggraver ses blessures", a raconté le jeune homme.
L'avocat a ensuite confronté Pistorius aux témoignages des voisins qui ont entendu des cris et des bruits sonores en pleine nuit. Pistorius a soutenu que des "coups de feu" entendus par les voisins étaient en fait les coups de batte de cricket sur la porte des toilettes. A ce moment-là, la mère de Reeva Steenkamp et ses proches, dans la tribune du public, ont montré pour la première fois des signes d'agacement. Pendant près de trois jours, Me Roux avait d'abord cherché, à travers ses questions, à brosser le portrait d'un jeune homme angoissé mais gentil et religieux.
Le contre-interrogatoire du procureur devrait être beaucoup plus violent pour l'accusé. Le parquet défend en effet la thèse de l'assassinat. Il affirme que les deux jeunes amants se sont violemment disputés le soir du meurtre. Que Reeva, se sentant menacée, s'est réfugiée dans les toilettes. Et que Pistorius a tiré quatre balles à travers la porte en sachant très bien qu'elle était là. L'accusé affirme notamment que, lorsqu'il a cru qu'un cambrioleur était caché dans les toilettes, il a crié pour lui demander de sortir de la maison. Pourquoi alors Reeva, qui était dans la pièce, n'aurait-elle pas signalé sa présence?