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La forêt amazonienne a besoin du Sahara pour survivre

Une tempête de sable dans le Sahara photographiée par un satellite de la NASA

Une tempête de sable dans le Sahara photographiée par un satellite de la NASA - NASA / AFP

La forêt amazonienne et le Sahara sont liés par un nutriment essentiel : le phosphore. Porté par les vents, ce fertilisant naturel présent dans le sable du désert africain est la raison principale à l'exceptionnelle luxuriance de la forêt sud-américaine, comme ont pu le démontrer des images de la NASA.

La forêt amazonienne ne pourrait survivre sans le Sahara. Aussi étrange soit-elle, la connexion entre ces deux écosystèmes que tout sépare, à commencer par un océan, est bien réelle. La NASA vient ainsi de publier de nouvelles données satellites démontrant à quel point la forêt amazonienne est dépendante du Sahara, le plus grand désert du monde. 

Chaque année, près de 28 millions de tonnes de sable du Sahara sont emportées par le vent, traversent l’Atlantique et viennent fertiliser la forêt sud-américaine.

Le phosphore, un fertilisant essentiel

Très riche en phosphore, un engrais essentiel à la survie des organismes végétaux, le sable du Sahara est ainsi la principale raison de la luxuriance de la forêt amazonienne. Le phénomène était déjà connu des scientifiques mais les équipes de Hongbin Yu, chercheur en sciences atmosphériques et porteur du projet, ont réussi à le quantifier pour la première fois, permettant de démontrer le caractère indispensable de l’apport en phosphore du désert africain vers l’Amazonie. Grâce à son satellite CALIPSO, l’agence spatiale américaine a traqué le sable saharien tout au long de son voyage transatlantique, long de près de 5000 kilomètres. Les images qui en résultent, publiées sur le compte Instagram de la NASA, sont à couper le souffle. 

Les pluies diluviennes arrosant la région amazonienne ont un défaut : elles empêchent le phosphore de se fixer au sol. Le sable du Sahara fournit ainsi un substitut précieux qui permet à la forêt amazonienne de rester fertile.

Dans son communiqué de presse, la NASA explique que sur les 182 millions de tonnes de sable soulevées par les vents, 27,7 millions atterrissent de l’autre côté de l’océan Atlantique. Mais la fourniture en fertilisant naturel est assez irrégulière. Les chercheurs ont ainsi démontré qu’elle pouvait varier de près de 86% en fonction des niveaux de pluviométrie observés dans la région du Sahel : plus il y pleut, moins la quantité de sable emportée par le vent est importante. Conclusion insolite: la santé de la forêt amazonienne dépend donc en grande partie de la météo de cette région du sud du Sahara. "Le monde est petit," conclue Hongbin Yu, "et nous sommes tous connectés." 

François DE LA TAILLE