Et vous, vous pourriez investir "responsable"?

Investir durablement et de manière responsable son argent, voilà ce que veulent les Français. - -
Déjà la 4ème édition de la semaine de l'ISR (investissement socialement responsable) et ce sont encore 62% des Français qui n'en ont pas entendu parler. L'une des conclusions de l'enquête Ipsos menée auprès de 1000 Français pour Eiris et le FIR, le Forum de l'Investissement responsable qui organise l’événement est sans appel.
Seuls 7% savent de quoi il retourne. Ils étaient à peu près autant il y a 4 ans. Et pourtant la moitié des sondés se disent intéressés par ce système de valeur. Ils accordent une place importante aux critères sociaux et environnementaux dans leur démarche
18% se disent prêts à investir si on les informe davantage. Mais seulement 2% affirment avoir reçu les informations nécessaires de la part de leurs conseillers financiers. La balle est donc dans le camp des banques.
Des Français en quête de transparence
C'est pourquoi le FIR (Forum de l'Investissement responsable) lance cet appel "Exigez l'ISR". Anne-Catherine Husson-Traoré la directrice général de Novethic un centre de recherche sur l'ISR et la RSE (responsabilité sociétalement des entreprises) explique qu'avec la crise de 2008 "certains ont cru que les banques allaient enfourcher l'ISR pour faire oublier ce qui s'est passé". Cela n'a pas été le cas.
Malgré tout, la communication commence à évoluer à l'image des campagnes de BNP Paribas et du Crédit Agricole davantage tournées vers leurs clients. Pour Elizabeth Pastore-Reiss, présidente d'Ethicity qui étudient de près ses concitoyens, les Français ont un regard très négatif sur les banques. Ils exigent de la transparence. Ils ont besoin de savoir concrètement à quoi leur argent est utilisé.
Modifier la fiscalité ?
C'est d'ailleurs sûrement l'une des raisons pour lesquelles les acteurs de l'ISR ont décidé cette année de lui donner une définition: "un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel que soit leur secteur d’activité."
Contrairement aux pays anglo-saxons c'est la démarche "best in class" qui a été adoptée en France. Au final les grandes capitalisations qui donnent beaucoup d'informations sur ce qu'elles font sont souvent plutôt bien notées. Et pour certains, les portefeuilles ISR ressemblent trop aux portefeuilles classiques.
Philippe Nogues, membre de la Commission développement durable à l'Assemblée, auteur de "La responsabilité sociale des entreprises: concilier démocratie sociale, écologie et compétitivité", estime d'ailleurs qu'il ne faut pas oublier les PME. Il se dit favorable aussi à la création d'un label public. Mais pour l'instant les avancées se font attendre.
Il y a des exemples de réussite à l'image des fonds de pension des retraites publiques: l'ERAFP (Établissement de retraite additionnelle de la fonction publique) investit 100% de ses fonds en ISR.
Mais comme le rappelle Bertrand Fournier, président du FIR, on ne peut pas travailler qu'avec des bons sentiments. La mise en place d'avantages fiscaux serait un excellent moyen de démocratiser l'ISR. Dans le sondage IPSOS, 58% des Français sont favorables à une inclusion obligatoire d'une part dans les produits d'épargne. Créer une niche fiscale: le sujet est plus que tabou.