Raynor Winn, l'autrice du bestseller adapté au cinéma "The Salt Path", a-t-elle menti?

L'autrice Raynor Winn au Festival du film de Munich, en juillet 2025 - AFP
Des mémoires inventées de toutes pièces? En 2018, l'autrice britannique Raynor Winn a publié l'autobiographie très remarquée The Salt Path, vite devenue un best-seller à travers le monde, avec plus de 2 millions d'exemplaires vendus depuis sa sortie. Elle a même été adaptée au cinéma avec Gillian Anderson. En France, l'ouvrage a été édité par Stock sous le titre Le Chemin de sel en 2023.
Raynor Winn y raconte le périple - 1.000 kilomètres sur un célèbre sentier côtier gallois - entrepris avec son mari après avoir perdu leur maison rurale et appris qu'il était en phase terminale d'une maladie neurologique.
Mais The Observer a révélé le 5 juillet qu'une bonne partie de ce récit serait fausse, affirmant avoir parlé avec des experts sceptiques quant à l'absence de symptômes aigus de son mari.
L'hebdomadaire britannique remet en cause la façon dont le couple a perdu sa maison, assurant que l'événement serait lié non pas à un investissement désastreux dans l'entreprise d'un ami, comme l'a prétendu Raynor Winn, mais à un détournement des fonds de son employeur. Le couple aurait dû, selon le journal, emprunter pour le rembourser et éviter une action policière.
"Dévastée"
L'autrice conteste néanmoins ces accusations avec vigueur. "J'ai décrit l'état de mon mari avec un tel niveau d'honnêteté que c'est la plus insupportable des allégations", écrit Raynor Winn sur son site et sur Instagram, dans un message relayé par Sky News. Ces accusations "hautement trompeuses" l'ont "émotionnellement dévastée", poursuit-elle.
L'autrice a même partagé sur son site des lettres médicales apparemment envoyées à son mari, qui semblent attester le diagnostic d'une maladie neurologique rare, la dégénérescence cortico-basale (DCB). L'une d'elles mentionne ce syndrome et son évolution progressive, tandis qu'une autre conclut qu'il souffre d'une "forme atypique" de DCB.
Elle a également affirmé qu'elle n'avait jamais suggéré que la marche était un "remède miracle" et qu'il pouvait y avoir "des symptômes pendant de nombreuses années avant qu'un diagnostic ne soit finalement posé". Et d'insister: "Même dans ce cas, les symptômes de nombreux patients s'expriment de manière atypique. Ils peuvent ne pas présenter les mêmes signes, apparaître dans le même ordre ni avec la même gravité."
Des "erreurs"
Sur le sujet de la maison, l'autrice a déclaré que le conflit avec son employeur n'était pas la raison pour laquelle le couple l'avait perdue. Elle a admis dans la foulée qu'elle avait peut-être commis des "erreurs" dans l'exercice de son travail.
"Pour moi, c'était une période difficile (...). Je regrette profondément toutes les erreurs que j'ai commises durant ces années passées dans ce bureau et j'en suis sincèrement désolée", a-t-elle écrit sur son site.
L'autrice a également confié avoir été interrogée par la police, mais a déclaré qu'elle n'avait pas été inculpée. "J'ai conclu un accord avec mon employeur, car je ne disposais pas des preuves nécessaires pour étayer ce qui s'était passé. Les termes de l'accord ont été acceptés de plein gré par les deux parties."
Adaptation au cinéma
The Observer a également accusé le couple de se cacher derrière des pseudos pour cacher sa vraie identité. Encore une allégation balayée par l'intéressée: "Nos noms ne cachent rien. (...) Comme la plupart des gens, nous utilisons ces surnoms [Ray et Moth] en plus de nos noms légaux [Sal et Tim]. Ceux que nous utilisons sur nos relevés bancaires, nos factures de services publics, etc. Nos amis et voisins utilisent indifféremment Sal et Tim, ainsi que Ray et Moth.".
En plus de ce premier best-seller, Raynor Winn a depuis écrit deux suites et signé un contrat d'édition avec la célèbre maison Penguin Books pour en publier au moins une autre.
Le premier tome a également fait l'objet d'une adaptation sur le grand écran par la réalisatrice britannique Marianne Elliott, sortie en mai dernier en outre-Manche. Porté par Gillian Anderson et Jason Isaacs dans les rôles-titres, le film devrait sortir "prochainement" en France. À moins que la polémique en décide autrement.