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Une "grosse claque": la déroute de Valérie Pécresse dans les départements du sud-est

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Alors que François Fillon était arrivé deuxième dans les Alpes-Maritimes et le Var en 2017, Valérie Pécresse n'a pas su mobiliser l'électorat pourtant traditionnellement acquis à la droite et doit se contenter de la cinquième place.

Une claque historique. En plus de ne pas avoir su convaincre les électeurs français, la candidate LR Valérie Pécresse n'a pas réussi à mobiliser l'électorat traditionnel de la droite dans le sud-est de la France. Aussi bien dans les Alpes-Maritimes que dans le Var, elle est arrivée cinquième, loin derrière Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et même Eric Zemmour.

Dans les Alpes-Maritimes, Valérie Pécresse a obtenu 5,59% des voix et 4,73% dans le Var, des scores bien éloignés de ceux de François Fillon, le candidat LR de 2017. Dans le premier département, il avait obtenu 27,39% et 24,87% dans le deuxième, ce qui l'avait positionné deuxième dans les deux cas.

33 points en moins en cinq ans à Sainte-Maxime

La dégringolade de la droite est particulièrement saisissante dans certaines villes. À Sainte-Maxime (Var) par exemple, Valérie Pécresse n'a récolté que 7,25% des voix devancée largement par, entre autres, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. En 2017, François Fillon était arrivé premier avec 39,95% des suffrages, ce qui signifie qu'en cinq ans, Les Républicains ont perdu environ 33 points dans cette commune.

Le scénario est le même à Cannes, dans les Alpes-Maritimes, où Valérie Pécresse n'a su convaincre que 7,01% de l'électorat là où François Fillon avait récolté 34,81% des voix en 2017. Premier lors du premier tour de la dernière élection présidentielle, Les Républicains doivent désormais se contenter de la cinquième place.

"C'est une très grande déception pour ma famille politique. Ce n'est jamais arrivé que la droite républicaine se retrouve à un tel niveau. Une déception pour ma candidate Valérie Pécresse qui a mené une vraie campagne qui avait des vraies propositions, une vraie équipe", a déploré Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes dimanche soir sur le plateau de BFM Nice Côte d'Azur.

Pas "de ligne droite"

Même discours du côté du maire LR de Tourrette-Levens, Bertrand Gasiglia, qui parle d'une "grosse claque" tout en reconnaissant que le parti "voyait un peu venir" la défaite depuis quelques semaines.

"On voyait que l'électorat ne répondait plus. On voyait aussi qu'il y avait une spirale très négative autour de Valérie Pécresse, elle a payé quelques échecs médiatiques et ça c'est terrible en politique", explique-t-il à BFM Nice Côte d'Azur.

Le maire LR estime que Valérie Pécresse a fait "une bonne campagne" mais reconnaît qu'il n'y "avait pas d'idées fortes, il n'y avait pas de ligne droite". "Je pense qu'on pêche cette absence de ligne directrice qui était essentielle", termine Bertrand Gasiglia.

Lors de cette campagne, plusieurs candidats se sont disputés l'électorat de droite dans le sud-est, que cela soit Emmanuel Macron, Marine Le Pen ou même Eric Zemmour. Face à ses concurrents, Les Républicains n'ont pas su trouver leur place. Certains membres du parti, comme le maire d'Antibes Juan-les-Pins Jean Léonetti, pointent directement du doigt le président sortant.

"J'en veux à Emmanuel Macron d'avoir organisé depuis le début ce duel avec l'extrême-droite qui semblait à ses yeux et aux yeux de ses alliés, la garantie d'être obligatoirement réélu", a déclaré Jean Léonetti, maire LR d'Antibes, Juan-les-Pins.

Plusieurs départs de ténors

Autre élément qui a joué dans la défaite de Valérie Pécresse: de nombreux ténors des Républicains ont quitté le parti ces derniers mois, souvent pour la majorité présidentielle. C'est d'abord le cas du président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier en novembre dernier. Il avait alors regretté une "dérive politique" vers l'extrême droite de certains dont Eric Ciotti.

Du côté du Var, le maire de Toulon Hubert Falco a claqué la porte en mai 2021 et François de Canson, maire de La Londe-les-Maures, en mars 2022. Membre de LR depuis 40 ans, ce dernier avait dénoncé l'attitude du parti dans la désignation des candidats pour les élections législatives. Les deux édiles varois avaient affiché leur soutien pour Emmanuel Macron.

Dans les Alpes-Maritimes, le maire de Nice Christian Estrosi a quant à lui quitté le parti en mai 2021, après de nombreuses polémiques lors des élections régionales sur une alliance entre LR et LaREM. Il avait dénoncé "la dérive d'une faction qui semble avoir pris en otage la direction du parti" puis rejoint en décembre dernier Horizons, le parti d'Edouard Philippe.

Après une telle défaite, quel avenir pour Les Républicains dans le sud-est de la France? Si Valérie Pécresse a déjà appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a affirmé qu'il ne le fera pas.

D'autres pensent déjà aux législatives et se veulent même optimistes comme le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot. "Il y a un fort ancrage et je ne doute pas une seconde que les choses seront rectifiées lors des législatives", a-t-il déclaré dimanche sur BFM Nice Côte d'Azur. Ce scrutin, souvent qualifié de "troisième tour", se jouera les 12 et 19 juin.

Marine Langlois