Migrants à Briançon: la préfète des Hautes-Alpes prise à partie par des militants

"Madame la préfète, qu'attendez-vous pour dialoguer avec nous?". Vendredi dernier, des membres d'un collectif de citoyens solidaires à Briançon ont interpellé Martine Clavel, la préfète des Hautes-Alpes sur la question des migrants.
Une vidéo, postée par le collectif sur YouTube lundi, montre la scène qui s'est déroulée vendredi dernier dans la commune de Guillestre où Martine Clavel s'est rendue pour un rendez-vous professionnel.
"Madame la préfète, qu'attendez-vous pour mettre en œuvre les moyens à votre disposition? Pour mettre hors de danger, par des températures glaciales, les enfants, les femmes, les hommes qui sont dehors à la rue à Briançon depuis deux semaines?", demande un membre du collectif.
Situation tendue à Briançon
A l'intérieur, les citoyens continuent de prendre à partie l'élue: "Nous dire que vous avez une politique qui empêche les gens de traverser, c'est faux. Les gens arrivent quand même et les solidaires sont débordés."
De son côté, la préfète rétorque qu'elle "ne met pas des gens en danger dans la montagne" et que ce "n'est pas le lieu pour avoir ce type d'échange".
"J'ai un rendez-vous avec un ensemble de personnes cet après-midi. Je vais maintenant honorer ce rendez-vous", répond la préfète au collectif de citoyens.
La situation se tend autour de la question de l'hébergement d'urgence des migrants à Briançon. Plusieurs associations demandent à l'Etat de gérer la situation. L'un des points de départ de cette tension est la fermeture des Terrasses Solidaires de Briançon, le 25 octobre dernier, "pour des raisons principalement de sécurité". Débordé par l'afflux de migrants, le lieu avait été confronté à l'arrivée de près de 200 personnes pour 80 places.
Suite à cette fermeture, des migrants ont d'abord occupé la gare de Briançon pendant une nuit avant d'être accueillis temporairement dans une église. Mais ces derniers jours, la salle mise à disposition par le diocèse est de nouveau utilisée et une trentaine de migrants dorment sous des tentes et des barnums.
Manifestation prévue samedi
Après cet échange tendu, Martine Clavel a envoyé un courrier à l'association Tous migrants dans lequel elle affirme que "des moyens supplémentaires ont été concentrés à la frontière afin d'entraver les passages illégaux, conformément aux lois régissant le droit au séjour en France".
Elle estime également que "rien, ni matériellement, ni juridiquement" n'empêche l'association de rouvrir les Terrasses Solidaires, lieu dont la fermeture a été décidée "unilatéralement".
"Les moyens mobilisés par l'Etat pour gérer l'occupation puis l'évacuation de la gare ne sont en aucun cas la reconnaissance d'une quelconque nécessité d'initier de nouveaux dispositifs d'accueil, ni même de reconnaître celui que vous avez mis en place et qui conforte l'attraction du Briançonnais pour les migrants", écrit la préfète dans cette lettre.
Contactée par BFM DICI, la préfecture affirme ne pas avoir changé de position et n'envisage aucun dialogue pour le moment.
De leur côté, les associations solidaires pro-migrants ont lancé un appel à la manifestation ce samedi à Briançon. D'après les informations de BFM DICI, un important dispositif de sécurité est prévu.