BFM DICI
bfmdici

Briançon: les migrants qui occupaient la gare hébergés dans une église

Des migrants dans le hall de la gare de Briançon.

Des migrants dans le hall de la gare de Briançon. - BFM DICI

De 150 à 200 personnes, essentiellement des hommes jeunes et quelques familles, selon une source policière, avaient passé la nuit de dimanche à lundi dans la gare.

Des migrants, en majorité afghans, qui occupaient la gare de Briançon (Hautes-Alpes) depuis dimanche après la fermeture d'un refuge, ont été accueillis lundi soir dans une église, selon un collectif de soutien et l'évêque de Gap.

De 150 à 200 personnes, essentiellement des hommes jeunes et quelques familles, selon une source policière, avaient passé la nuit de dimanche à lundi dans la gare.

Selon la préfecture, "plusieurs dizaines" d'entre eux sont partis en "empruntant divers moyens de transport public" dans la journée de lundi, mais les autres occupaient encore la gare lundi soir.

"Regarder la réalité en face"

Ils s'apprêtaient à y passer une deuxième nuit, selon le collectif de soutien Tous Migrants. Mais ils ont finalement été accueillis dans une église "par le prêtre de Briançon", a annoncé le collectif dans la nuit de lundi à mardi.

L'évêque de Gap, Mgr Xavier Malle, joint par l'AFP, a confirmé cet accueil, sans pouvoir dire combien de migrants ont rejoint l'église, propriété du diocèse. En début de soirée, l'évêque avait apporté son soutien aux migrants en s'immisçant dans la polémique qui oppose, depuis dimanche, une association d'accueil des réfugiés à la préfecture.

"Je demande aux représentants de l'État de regarder la réalité en face : ce n'est pas en rendant difficile l'accueil des réfugiés à Briançon que les problèmes immédiats et structurels seront résolus", a déclaré Mgr Malle dans un communiqué.

Avant de demander au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, "d'intervenir, non pour envoyer les forces de l'ordre mais pour mobiliser la Sécurité Civile, la Croix-Rouge, accepter que le HCR intervienne".

Des arrivées trop importantes à l'association Refuges Solidaires

La situation s'est tendue ce week-end à Briançon, où l'association Refuges Solidaires inaugurait officiellement, samedi, un nouveau refuge pour les migrants arrivant d'Italie, plus grand qu'un précédent lieu d'accueil fermé durant l'été.

Mais dimanche, l'association indiquait être "confrontée à des arrivées plus importantes, dépassant largement ses capacités d'accueil", limitées à 81 personnes. De ce fait, elle a décidé d'"interrompre totalement l'accueil" de nouveaux arrivants.

"C'est une question de dignité et de sécurité mais avant tout de sécurité", a expliqué l'administrateur bénévole de l'association, Jean Gaboriau, joint par l'AFP.

Une situation dont la préfecture des Hautes-Alpes tient Refuges Solidaires pour responsable. "En dehors de toute mission confiée par l'État, cette association s'est donné pour mission d'offrir un lieu d'accueil aux personnes ayant franchi illégalement la frontière de Montgenèvre", a affirmé la préfecture dans un communiqué lundi soir.

Sa nouvelle structure d'accueil, ouverte après la fermeture d'un refuge plus petit cet été, est "bien identifiée des réseaux de passeurs" et "a provoqué une augmentation des flux, dépassant largement les capacités de l'association", a ajouté la préfecture.

Selon elle, nombre de ces arrivants se trouvent en "situation irrégulière", faute d'avoir demandé l'asile dans leur pays d'entrée en Europe, l'Italie.

"Une gare n'est pas un lieu d'hébergement et les risques encourus par les personnes ne sont pas moindres qu'aux Terrasses, au contraire. Cette politique du fait accompli menée par les associations est destinée à faire pression sur les pouvoirs publics, pour qu'ils se plient à leurs exigences, ce qui n'est pas acceptable", juge la préfète Martine Clavel.

L'association Refuges Solidaires plaide pour "que des actions soient mises en place dans les plus brefs délais" et notamment que "d'autres opérateurs prennent en charge l'accueil d'urgence en complément de (son) action".

Une trentaine d'étrangers sans droit au séjour interpellés

Selon la préfecture, "une trentaine d'étrangers sans droit au séjour en France" ont été interpellés lundi au col de Montgenèvre en provenance d'Italie et repris en charge par les autorités italiennes. "Parmi ceux qui occupaient la gare, plusieurs dizaines sont repartis, empruntant divers moyens de transport public", indique l'Etat.

Face à l’afflux de migrants et une situation qui se tend à la frontière, le directeur centrale des polices aux frontières, Fernand Gontier est attendu dans les Hautes-Alpes, a appris BFM DICI. Il doit rencontrer la préfète, Martine Clavel, à Gap dans la matinée puis se rendre dans le briançonnais pour échanger avec les policiers à Montgenèvre à la frontière avec l’Italie.

Il est également prévu une rencontre avec les représentants du syndicat Alliance Police Nationale du 05 qui alerte depuis plusieurs mois sur le manque d’effectifs à la frontière.

G.H. avec AFP