Accueil des migrants à Briançon: le maire dénonce le "bras de fer" engagé par les associations

"Je regrette qu'on soit allé employer ce type de méthode". Invité de BFM DICI ce mardi midi, le maire de Briançon Arnaud Murgia s'en est pris aux associations d'aide aux migrants qui ont selon lui entamé un "rapport de force" quand à l'accueil des arrivants dans sa ville.
"En réalité, c'est eux qui ont fermé leurs portes [Les Terrasses Solidaires] pour mettre tout le monde dehors, pour essayer de mettre l'État devant ses responsabilités et essayer d'entamer une sorte de rapport de force (...) Cette situation ne peut pas durer et je le dis ce n'est pas un bon moyen de discuter", s'agace Arnaud Murgia sur BFM DICI.
Le maire de Briançon refuse de discuter avec les associations. "Quand on veut discuter, on ne prend pas la population en otage, on n'occupe pas des salles communales", ajoute-t-il.
Débordées par l'afflux de migrants, les Terrasses Solidaires de Briançon ont fermé leurs portes, le 25 octobre dernier, "pour des raisons principalement de sécurité". Le lieu avait été confronté à l'arrivée de près de 200 personnes pour 80 places.
Après avoir occupés la gare de Briançon pendant une nuit, les migrants ont finalement été accueillis temporairement dans une église. Mais ces derniers jours, la salle paroissiale Sainte-Thérèse mise à disposition des exilés par le diocèse est de nouveau utilisée et une trentaine de migrants se retrouvent à dormir sous des tentes et des barnums.
Depuis la fermeture des Terrasses Solidaires, la situation se tend autour de la question de l'hébergement d'urgence des migrants. Les associations en appellent à l'État pour gérer la situation.
"Ce qu'on attend de l'État aujourd'hui, ça fait cinq ans qu'on le réclame, rappelle au micro de BFM DICI, Michel Rousseau, co-président de l'association Tous Migrants. C'est un système d'accueil d'urgence qui permette que personne ne dorme dans la rue ici. Depuis cinq ans, on se substitue à la responsabilité de l'État, aux obligations de l'État et on ne peut pas nous tout seul, résoudre tous ces problèmes."
Dans un communiqué du 5 novembre dernier, la préfecture des Hautes-Alpes a refusé d'accéder aux demandes des associations, comme l'ouverture d'un nouveau centre d'hébergement d'urgence géré par l'État. Faute d'avoir trouvé un compromis avec l'État, les associations n'ont pas souhaité rouvrir les Terrasses Solidaires.
Un "bras de fer avec l'État"
Arnaud Murgia déplore la méthode des associations. "Quand on entame un bras de fer, on peut le faire pour des bonnes raisons et selon de grands principes et je les respecte", reconnaît-il.
Cependant, interpellé par Michel Rousseau qui lui reproche notamment de ne pas appliquer la loi sur l'accueil d'urgence, le maire de Briançon recommande aux associations "de faire attention" à leurs actions, dans un contexte de poussée de l'extrême droite.
"Aujourd'hui, il y a une règle qui dit qu'on a le droit, pour certaines raisons d'être sur le territoire français. Il faut les faire appliquer et cesser de dévoyer à la fois la loi et le droit d'asile parce que d'une part, je pense qu'une grande partie de la population n'en peut plus et, d'autre part, je pense qu'ils ne servent pas leur cause", conclut-il.