BFM DICI
bfmdici

Migrants à Briançon: l'évêque de Gap assure que la situation "n'est pas durable"

Des migrants sont toujours présents à Briançon ce 26 octobre 2021

Des migrants sont toujours présents à Briançon ce 26 octobre 2021 - BFM DICI

La préfecture des Hautes-Alpes a annoncé ce mardi après-midi que seule une soixantaine de migrants ont quitté Briançon mardi.

Après une première nuit passée à l'église Sainte Catherine, environ cinquante migrants sont encore présents à Briançon ce mardi soir, selon l'évêque de Gap Mgr Xavier Malle. Depuis dimanche, et la fermeture des locaux de l'association "Les Terrasses solidaires", près de 200 migrants s'étaient d'abord réfugiés dans la gare de la commune, avant d'être accueillis dans l'église.

Une soixantaine de personnes parties à Lyon

L'évêque de Gap Mgr Xavier Malle a autorisé tous ces migrants à se réfugier dans l'édifice pour des raisons "humanitaires", explique-t-il à BFM DICI.

"À Briançon, il fait déjà froid, et on ne peut pas laisser les gens dormir dehors. Ils ne voulaient pas passer une deuxième nuit dans la gare qui n'était pas très chauffée", rappelle l'évêque.

Pour la plupart, ces migrants sont des hommes jeunes, mais quelques familles sont aussi arrivées dans la ville haute-alpine.

"En réalité, ces personnes migrantes ne souhaitent pas rester à Briançon mais souhaitent aller vers les grandes villes pour aller ensuite en Allemagne ou en Angleterre, elles ne souhaitent pas rester en France. Ce sont principalement des Afghans et des Iraniens, ce sont pas des jeunes Africains, comme on en avait encore il y a quelques années", détaille Mgr Xavier Malle.

Certains d'entre eux ont déjà commencé à prendre la route, a annoncé la préfecture des Hautes-Alpes dans un communiqué de presse. Souhaitant intensifier les départs, celle-ci avait demandé à la SNCF de renforcer son offre de transports. Plusieurs bus ont été déployés mardi pour permettre aux migrants de quitter Briançon. Mais seule une soixantaine de personnes, "munies de billets", ont pris la route en début d'après-midi.

"Nous regrettons que certains n’aient pas osé emprunter ces transports. D’aucuns, accréditant leurs peurs, ont jugé bon de les inciter à rester", a constaté la préfète des Hautes-Alpes, Martine Clavel.

Certaines associations avaient partagé leurs craintes de voir ces migrants être arrêtés une fois arrivés à destination. La préfecture a elle expliqué ne pas pouvoir "garantir" qu'ils ne subiront pas de contrôle.

Deux bus ont finalement pris la route en direction de Lyon. Parmi les migrants présents, environ 25 d'entre eux ont été dirigés pour la nuit, dans un centre d'hébergement du 8e arrondissement de Lyon, a précisé la Préfecture du Rhône à l'AFP. Celle-ci ajoute que les 35 autres personnes à bord des bus n'ont pas souhaité être prises en charge.

En plus de cette soixantaine de personnes, l'association “Tous Migrants” indique que d'autres migrants sont partis de Briançon par "d'autres moyens de transport".

Un hébergement à l'église provisoire

Avec l'ensemble des départs cumulés, l'église de Briançon reste désormais occupée par environ "cinquante personnes" ce mardi soir selon l'évêque de Gap. Invité sur BFM DICI, Mgr Xavier Malle a rappelé que cette situation d'hébergement était provisoire.

"Avec seulement deux toilettes dans les salles paroissiales à côté, ce n'est pas durable même s'il y a beaucoup de gens qui sont mobilisés pour faire le petit-déjeuner, apporter des couvertures, le repas du midi. On souhaite que ça s'arrête le plus tôt possible en réalité", soutient Mgr Xavier Malle.

L'évêque a également assuré que les associations, qui avaient fermé leur local de prise en charge, se réunissent mardi soir pour évaluer la possibilité de rouvrir les lieux afin d'accueillir les migrants à Briançon. Elles demandent toutefois un soutien supplémentaire de l'Etat sur les hébergements d'urgence et souhaitent l'ouverture d'un deuxième centre d'accueil pour faire face à l'afflux de personnes.

Les syndicats de police craignent eux que le flux migratoire soit "exponentiel" à la frontière franco-italienne. Selon eux, environ 600 migrants devraient encore arriver d'ici la mi-novembre. Ils demandent en conséquence, des effectifs supplémentaires de police pour gérer ces arrivées.

La préfecture a annoncé le déploiement de deux escadrons de gendarmerie mobiles supplémentaires dans les prochains jours afin de venir en aide à la police des frontières.

Gauthier Hartmann