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"Un cadre sécurisé": un projet de centre d'accueil au zoo de Beauval pour les dauphins du Marineland d'Antibes

Un dauphin du Marineland d'Antibes (Alpes-Maritimes), photographié le 1er octobre 2005

Un dauphin du Marineland d'Antibes (Alpes-Maritimes), photographié le 1er octobre 2005 - VALERY HACHE © 2019 AFP

Un centre d'accueil pourrait voir le jour au zoo de Beauval pour les dauphins actuellement bloqués au Marineland d'Antibes. Mais selon le directeur du zooparc, sa construction prendra "minimum deux ans" et son financement n'est pas établi.

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé vendredi 5 septembre un projet de centre d'accueil au zoo de Beauval (Loir-et-Cher) pour les douze dauphins actuellement bloqués au Marineland d'Antibes (Alpes-Maritimes).

Cependant, le projet pourrait prendre du temps à voir le jour, son financement n'est pas encore établi et il ne permettra pas d'accueillir Wikie (24 ans) et son fils Keijo (12 ans), les deux orques du parc qui a définitivement fermé en janvier.

Si le projet aboutit, "c'est à une échéance de minimum deux ans. Il faut une bonne année de travaux à peu près, mais c'est encore avec des grands points d'interrogation", a précisé le directeur général du zooparc de Beauval, Rodolphe Delord, interrogé au téléphone par l'AFP.

"J'ai 35.000 animaux à Beauval mais je n'ai aucune structure pour accueillir les dauphins actuellement", a-t-il souligné, expliquant avoir été sollicité par Agnès Pannier-Runacher et l'ambassadrice à l'environnement Barbara Pompili: "Ce n'était pas du tout dans mes projets".

"Entre 20 et 25 millions" d'euros d'investissement

Le montant et la provenance des financements nécessaires n'ont pas été précisés par le ministère. Le directeur du zoo de Beauval estime le coût du projet "entre 20 et 25 millions".

"Je ne peux pas aujourd'hui financer l'intégralité du sanctuaire, j'en financerai une partie certainement", a-t-il ajouté, appelant le gouvernement "à prendre ses responsabilités".

Le gouvernement a refusé l'an dernier le départ des cétacés vers un parc au Japon et le transfert réclamé depuis par Marineland vers des parcs en Espagne est bloqué par les autorités locales. Aucun projet de sanctuaire en semi-liberté n'est opérationnel à moyen terme.

Lors d'une réunion de travail mercredi, le gouvernement, des ONG, le zoo de Beauval et un expert des mammifères ont acté "l'urgence" de lancer un "projet pionnier" pour les dauphins, explique le ministère dans un communiqué.

Un centre "pionnier"

Alors que les fermetures de delphinariums européens se multiplient et que près de 65 dauphins sont susceptibles d'avoir besoin d'un lieu d'accueil, le futur centre pourrait devenir "le premier jalon d'un réseau européen de centres d'accueil", tout en poursuivant les travaux en vue de la création de sanctuaires en Italie et en Grèce.

Beauval pourrait accueillir une vingtaine d'animaux dans plusieurs lagons, dans un centre "pionnier" axé sur le "bien-être des dauphins" avec des programmes scientifiques pour mieux les comprendre et les préserver.

Marineland insiste pourtant depuis des mois sur l'urgence de pouvoir transférer les cétacés. Les conclusions d'une nouvelle expertise ordonnée par la justice sur l'état de leurs bassins vieillissants sont attendues dans les prochaines semaines.

L'avenir des orques incertain

L'association C'est assez! a estimé sur X que cette solution n'est pas "idéale" mais "permet néanmoins d'offrir rapidement un cadre sécurisé aux dauphins, de mettre fin à leur transfert à l'étranger et d'assurer un accueil respectueux dans des lagons sans chlore, dans lesquels aucune reproduction ni interaction avec le public ne seront autorisées."

Même son de cloche du côté de l'association One Voice qui s'est aussi montrée très inquiète pour l'avenir des deux orques toujours présents dans le parc. Cet été, des images tournées par une ONG avec un drone et montrant des soigneurs stimulant sexuellement Keijo avaient encore mis en lumière la difficulté pour les deux orques de poursuivre leur huis clos.

"Keijo arrive à l'âge de l'adolescence, avec des pulsions sexuelles de plus en plus fortes. Afin d'éviter des rapports consanguins avec sa mère mais également afin d'éviter qu'ils se battent et se blessent, Marineland a décidé de stimuler sexuellement Keijo afin de faire baisser les tensions", avait expliqué la direction du parc.

E.R. avec AFP