Des orques et des dauphins sans solution, des bassins "en fin de vie"... Six mois après la fermeture de Marineland, le parc crie "urgence"

Un employé dresse une orque dans l'eau d'une piscine du parc à thème Marineland, à Antibes, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 17 mars 2016. - VALERY HACHE / AFP
Six mois après, les derniers animaux de Marineland attendent de nager dans de nouvelles eaux. Après plus de 50 ans d'activité, le parc aquatique d’Antibes avait fermé définitivement ses portes le 5 janvier, mettant en avant des raisons économiques liées à la promulgation de la loi interdisant les spectacles de cétacés d'ici 2026.
Après cette fermeture, ce sont environ 150 espèces qui ont dû être déplacées des bassins, représentant "4.000 animaux, poissons et coraux", selon le parc contacté ce jeudi 3 juillet par BFMTV.com. Tous ont été envoyés dans des lieux similaires à Marineland "en France, en Espagne et en Belgique", et une minorité "dans des réserves naturelles".
Mais 14 cétacés se trouvent toujours dans les eaux du parc antibois: 12 dauphins et les deux orques Wikie et Keijo, dont le sort reste en suspens depuis six mois.
"Les animaux sont en bonne santé"
Marineland a vu Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, lui refuser en novembre d'envoyer ses orques dans un parc au Japon, puis Madrid mettre son veto mi-avril à un transfert à Tenerife, dans un parc équivalent.
"Les orques vont bien, ils sont soignés quotidiennement. Les animaux sont en bonne santé", assure le parc auprès de BFMTV.com.
Une quarantaine d'employés, dont le sort est lui aussi au point mort, restent mobilisés dans le parc, notamment "une vingtaine pour s'occuper des orques et dauphins", explique Marineland.
À l'heure actuelle, "des discussions restent engagées" afin de trouver une nouvelle terre d'accueil à Wikie et Keijo. "Ce sera l'Espagne ou le Japon", assure le parc ce jeudi auprès de BFMTV.com.
"Le Japon est la meilleure destination pour les orques! Le parc de Kobé avec qui nous avons travaillé dispose des meilleures installations et est membre de la World Association of Zoos and Aquariums (Waza), gage du respect du bien-être animal. Si la France préfère l'Espagne car c'est en Europe, alors ça nous ira aussi. Les sanctuaires, de leurs côtés, n'ont jamais et ne vont jamais exister, les associations ne proposent rien, aucune solution immédiate pour les orques", tranche Marineland.
Face à cet immobilisme institutionnel, la direction tire la sonnette d'alarme et somme le gouvernement d'agir, au risque de voir la santé des animaux piégés à Antibes se détériorer.
Une "urgence" face à des enclos "en fin de vie"
Car du côté des bassins du parc, la situation se dégrade. Si l'état de santé des animaux ne pose "aucune" inquiétude à l'heure qu'il est, ces derniers pourraient bel et bien se blesser en raison de la vétusté de leurs enclos, alarme la direction. "Il y a urgence parce que les bassins sont en fin de vie", assure cette dernière.
Et justement, selon une attestation de l’entreprise s'occupant de l’infrastructure des bassins consultée par BFMTV.com et datée du 19 juin, ces derniers "souffrent de mouvements structurels accumulés, se traduisant par des fissures et des fractures de plus en plus importantes alors qu'ils arrivent en fin de vie, après 25 ans d'exploitation".
Ce rapport, qui salue des bassins continuant d'être "inspectés régulièrement" et faisant "l'objet d'une maintenance préventive", révèle "un état tel que leur solidité structurelle ne peut plus être garantie, avec un risque de pollution de la nappe phréatique, et nécessite une rénovation complète qui ne pourra être réalisée qu'après le déplacement des orques".
"Il faut que madame Pannier-Runacher accélère et délivre ces permis d'envoi des animaux", estime le parc aquatique.
Une proposition est en cours d'étude côté français pour l'envoi de dix des 12 dauphins encore en captivité à Marineland vers un parc de Malaga en Espagne. Pour Wikie et Keijo et les deux autres dauphins restants, le parc espère une réponse rapide du gouvernement, tout en précisant qu'il ne fera de toute façon "pas de profit" avec cette opération, la vente d'orque étant interdite.