TOUT COMPRENDRE. Pourquoi l'avenir des orques de Marineland fait l'objet de nombreux débats

Après plus de 50 années d'existence, le zoo marin de Marineland, situé à Antibes, a fermé en janvier dernier, notamment en prévision de la loi de 2021 sur le bien-être animal qui interdira à partir de décembre 2026 les spectacles et le maintien en captivité d'orques et de dauphins en France.
Depuis l'avenir de ses deux orques de 24 et 11 ans, mais aussi des 12 dauphins, suscite de nombreux débats.
• Un transfert au Japon avorté
Désormais fermé, le parc Marineland a jusqu'au 1er décembre 2026 pour se séparer de ses deux orques. En novembre dernier, la direction des lieux souhaitait transférer les imposants cétacés dans un parc de Kobe, dans l'ouest du Japon.
"Le parc a mené plusieurs travaux de recherche pour se mettre en conformité avec la loi (...) et il est apparu que Kobe, qui respecte les standards en vigueur, était la meilleure option", soutenait auprès de l'AFP fin novembre Marineland.
Une solution qui avait suscité l'indignation chez les militants de l'association de défense des animaux One Voice. "Là-bas, les orques seront forcées de se reproduire et la famille va être séparée", alertait sa présidente Muriel Arnal qui rappelait que les orques sont "des animaux très évolués (...) avec un cerveau plus complexe que le nôtre".
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avait finalement annoncé refuser le transfert des deux dernières orques du parc aquatique d'Antibes vers le Japon. La faible réglementation sur le bien-être animal dans le pays asiatique avait été avancée par la ministre.
• L'Espagne un temps évoquée
Face à l'échec du transfert au Japon, le parc s'est rabattu sur une autre destination pour ses cétacés. La direction a désormais cherché à envoyer les animaux marins dans des parcs en Espagne. "Il y a des parcs qui aujourd'hui sont en capacité d'accueillir des orques", comme "en Espagne", avait estimé Agnès Pannier-Runacher en novembre dernier.
Une demande de transfert vers un nouveau parc situé aux Canaries avait été réalisée en février dernier par la direction.
Alors que tout semblait en bonne voie pour que les cétacés prennent la direction de Tenerife, le projet espagnol a connu un coup d'arrêt lorsque le 10 avril, le cabinet de la ministre de la Transition écologique a annoncé que le futur transfert est annulé et que les cétacés doivent rester à Antibes. Un échec lié à un avis défavorable de l'autorité scientifique espagnole.
Cette autorité a conclu que "les installations ne répondent pas aux exigences minimales en termes de surface, de volume et de profondeur pour héberger des spécimens comme ceux-là dans des conditions optimales".
L'association One Voice a salué, auprès de BFMTV.com, la décision, estimant qu'il s'agit d'une "très bonne nouvelle".
• Les orques toujours dans le parc malgré la fermeture
Les échecs de ces deux transferts ont conduit Marineland à maintenir dans leurs bassins les cétacés. Face à cette situation, la direction du parc a insisté sur "l'extrême urgence" des transferts, dans la mesure où les contrats de ses soigneurs, expirent à la mi-avril.
Des travaux de maintenance seraient aussi nécessaires en cas de maintien des bassins. Le gouvernement a souligné auprès de l'AFP que, Marineland est contraint de conserver les animaux et d'en prendre soin, en attendant une solution.
Les associations de défense des animaux ont d'ailleurs dénoncé les conditions de vie des animaux dans le parc d'Antibes, fermé depuis janvier.
Pourtant, le 8 avril dernier, une expertise judiciaire sur les conditions de vie des orques du Marineland d'Antibes a conclu qu'elles étaient conformes aux normes en vigueur et que les spectacles constituaient des dérivatifs utiles pour les cétacés en captivité, a appris BFMTV.com, confirmant une information de l'AFP.
Selon l'association One Voice, ce rapport correspond à "84 pages de platitudes malgré des dysfonctionnements majeurs dans la gestion des orques au Marineland d’Antibes".
• Une demande de création de sanctuaire
Depuis l'annonce de la fermeture du parc, les associations de défense des animaux militent pour le transfert des orques dans un sanctuaire, une zone délimitée dans le milieu naturel de l'animal.
Marineland, estime que la solution d'un sanctuaire en Nouvelle-Écosse, à l'est du Canada, proposée par les associations de défense des animaux, n'était "pas envisageable".
Agnès Pannier-Runacher avait annoncé en février son intention de proposer à ses homologues espagnols, italiens et grecs la création d'un sanctuaire marin européen. Mais il ne serait pas opérationnel avant "au moins un an", rappelle une source à l'AFP.
Début avril, Sea Shepherd s'est dite prête à mobiliser cinq millions d'euros pour garantir une "vie digne" aux 14 cétacés encore présents dans le parc. L'ONG appelle à conserver les cétacés à Marineland en attendant que les sanctuaires soient opérationnels.