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Sélestat, berceau du sapin de Noël?

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La ville de Sélestat, autobaptistée "capitale de l'arbre de Noël", possède dans un manuscrit du livre de comptes de l'année 1521 la première mention écrite connue dans le monde de l'utilisation du sapin comme décoration de Noël.

502 ans d'histoire alsacienne. Depuis un peu plus de cinq siècles, une mention dans un manuscrit du registre des comptes de l'année 1521 de Sélestat donne à la ville alsacienne du poids dans la compétition au titre de place-forte de Noël dans la région.

Et pour cause, ce livre comporte la première mention écrite connue dans le monde de l'utilisation du sapin comme décoration de Noël.

La première mention du sapin comme décoration de Noël se trouve dans un manuscrit du registre des comptes de l'année 1521 de Sélestat, en Alsace.
La première mention du sapin comme décoration de Noël se trouve dans un manuscrit du registre des comptes de l'année 1521 de Sélestat, en Alsace. © BFM Alsace

La mention, et le registre où elle se situe, sont conservés au sein des archives municipales de la ville et évoquent "une dépense de quatre shillings, la monnaie en cours à cette époque-là, pour payer les gardes forestiers afin qu'ils surveillent les sapins à la période de la Saint-Thomas, le 21 décembre, et une amende à quiconque couperait un arbre", explique Cyril Leclerc, chargé de promotion à la Bibliothèque humaniste de Sélestat, sur BFM Alsace.

Deux autres mentions viennent compléter l'histoire et faire le lien entre sapin et décoration à la période de Noël. "En 1555, les magistrats de la ville de Sélestat parlent d'une amende et d'une interdiction de couper les sapins à ce moment-là", complète ce dernier.

"Et en 1600, Balthazar Beck, maître de cérémonie de l’Hôtel de ville de Sélestat, parle de la façon dont ont été décorés les sapins. Il explique qu'on le décorait avec des hosties et des pommes", explique Cyril Leclerc.

Une mention, précieuse, et ô combien importante pour la ville et l'identité de son marché de Noël, largement concurrencée par ceux de Strasbourg, Colmar ou encore plus récemment de Mulhouse.

"C'est ce qui fait la spécificité de Sélestat", assure Nadège Hornbeck, adjointe à la communication de la ville.

Le sapin devient politique

Née à Sélestat, aurait-il été possible que la tradition meurt à quelques kilomètres seulement, du côté de Strasbourg, pourtant autoproclamée "capitale de Noël"? En 2020, une polémique avait entaché le Noël de la ville de Bordeaux, où le fraîchement élu maire écologiste, Pierre Hurmic, avait annoncé qu'il n'y aurait pas de sapin de Nöel cette année devant l'hôtel de ville, qu'il avait qualifié d'"arbre mort".

Si l'inquiétude s'est fait ressentir du côté de Strasbourg, elle aussi nouvelle municipalité dirigée par les Verts depuis 2020, l'idée a rapidement été balayée.

"Il y a une trace historique que le sapin de Noël est né en Alsace. La colonne vertébrale, le symbole premier du Noël alsacien, c’est le sapin", défend même Guillaume Libsig, adjoint à la mairie de Strasbourg à la vie associative (et notamment la coordination du marché de Noël), auprès de BFMTV.com ce jeudi 23 novembre.

Le sapin de la place Kléber continuera de se dresser chaque année pendant la période des fêtes, mais à certaines conditions. "La question, c’est comment on prend un sapin et comment on gère un sapin. On a un partenariat avec l’ONF (Office national des forêts, NDLR), qui ont une gestion durable de leurs massifs", confie l'élu.

"On ne prend pas le sapin chaque année au même endroit", explique d'ailleurs l'adjoint à la mairie de Strasbourg.

L'arbre doit, enfin, remplir des critères particuliers pour correspondre au titre de capitale de Noël de Strasbourg. "Il faut un sapin de 30 mètres. Sur ces hauteurs-là, sur la résistance au vent, le poids, la souplesse etc, la seule qui a la capacité de monter à cette hauteur, c'est la nature". Pas question, donc, de voir disparaître le sapin de Strasbourg, ou de le voir remplacé par un cousin en plastique ces prochaines années.

Alixan Lavorel et Laurène Rocheteau