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Insultes d'Elon Musk contre Thierry Breton: X (ex-Twitter) peut-il être banni de l'Union européenne?

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Le bras de fer se poursuit entre l'Union européenne et Elon Musk. Si elle trouve des preuves accablantes, la Commission a la compétence pour bannir le réseau social X (ex-Twitter) du territoire.

Le torchon brûle entre Elon Musk et l'Union européenne. Dans cette guerre ouverte depuis le rachat de X (ex-Twitter) par le patron de Tesla en octobre 2022, les deux parties multiplient les contentieux.

Dernier épisode en date, un échange de messages sur X concernant la diffusion d’un entretien entre le patron du réseau social et Donald Trump. Quelques heures avant le début du direct, le commissaire européen au numérique, Thierry Breton, a, dans une lettre, rappelé à Elon Musk ses impératifs de modération sur le réseau social pour éviter "l'amplification de contenus dangereux". Des obligations qui s’inscrivent dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA).

Un rappel à l'ordre peu apprécié par Elon Musk. Le milliardaire, grand habitué des messages incendiaires, a répliqué par la provocation. Dans une publication, le propriétaire de la plateforme a partagé un mème insultant à l'égard du commissaire européen. De son côté, la Commission européenne a simplement répondu qu'elle "prenait note" des insultes d'Elon Musk.

Un énième épisode qui s'ajoute donc à la longue liste de contentieux entre la Commission européenne et le réseau social. Si bien que Bruxelles pourrait être tenté de prendre une décision radicale, et de bloquer Twitter sur le territoire.

A l'origine de la discorde: le manque de modération sur X. En effet, la plateforme est régulièrement pointée du doigt par son laisser-faire à propos de la désinformation entretenue sur son support et le manque de modération autour des contenus haineux. Rien d'étonnant puisque depuis la reprise de l'entreprise par Elon Musk, les équipes dédiées à la modération ont été licenciées.

Un reproche qui s'est accentué depuis l'entrée en vigueur du DSA, le 25 août 2023. Le texte européen contraint plusieurs plateformes, dont X, à lutter efficacement contre les contenus mensongers ou violents.

Or, des images violentes et parfois trompeuses continuent à circuler en masse sur le réseau social, notamment sur le conflit en Israël ou sur les élections présidentielles. Et ce, malgré les nombreux rappels à l'ordre de la Commission européenne.

Des procédures européennes en cours

Depuis, la Commission européenne a ouvert une enquête formelle en décembre 2023 contre le réseau social X. Elle accuse la plateforme de manquements présumés au DSA concernant la modération des contenus et la transparence. La liste des griefs est particulièrement longue. Sont notamment épinglés le faible nombre de modérateurs, un système de signalement des contenus illicites peu efficace ou encore des messages d'avertissement insuffisants contre les images violentes.

Dans le cadre de son enquête, l'UE poursuit par ailleurs des investigations concernant le système de badges bleus payants. Le réseau social est en effet accusé par la Commission européenne de "tromper" les utilisateurs avec ses coches bleues censées certifier des sources d'information dignes de confiance.

En cas de manquement au règlement européen, le DSA prévoit de lourdes amendes. Les sanctions financières peuvent s'élever à 6% du chiffre d'affaires mondial d'une plateforme. Pour X, cela représente donc environ 205 millions de dollars, d'après les résultats financiers de l'entreprise en 2023.

Vers un retrait de X en Europe?

Mais une sanction encore plus lourde peut être prononcée en cas de récidive par la Commission européenne. Un blocage pur et simple d'accès depuis le territoire européen. Cette menace avait d'ailleurs été brandie en octobre 2023 par Jean-Noël Barrot, à l'époque ministre délégué chargé du Numérique.

"Twitter, s’il ne se conforme pas à nos règles, sera banni en cas de récidive" expliquait-il alors.

Une interdiction d'autant plus plausible qu'il existe désormais de nombreux concurrents à X comme Bluesky ou encore Threads. Au début du mois d'août, le dernier-né de Meta a passé le cap des 200 millions d'utilisateurs actifs mensuels. En cas de blocage du réseau social d'Elon Musk en Europe, les internautes pourraient donc se rabattre sur ces plateformes.

X pourrait également se retirer de lui-même du territoire européen. C'est en tout cas ce qu'envisageait Elon Musk en octobre dernier, selon les informations de Business Insider. Selon le média américain, le milliardaire aurait évoqué la possibilité de rendre l'application indisponible ou d'en empêcher l'accès aux utilisateurs au sein de l'Union européenne.

L'information avait été démentie par Elon Musk. "Encore une info totalement fausse de Business Insider", a partagé le milliardaire sur X, avant de compléter: "Ce n'est pas un vrai média".

Et les récentes polémiques ces dernières semaines ne risquent pas d'arranger les relations entre X et la Commission européenne. Grok, l'IA d'Elon Musk, est accusée d'avoir diffusé de fausses informations sur les élections américaines et sur la tentative d'assassinat de Donald Trump.

La Commission européenne a également déclaré, par la voix de Thierry Breton, qu’elle pourrait se pencher sur la gestion de la désinformation opérée par X pendant les émeutes d’extrême-droite qui ont secoué le Royaume-Uni.

Salomé Ferraris