Qui est Tommy Robinson, le militant qui a partagé les fake news à l'origine des émeutes au Royaume-Uni?

Des slogans anti-migrants dans les rues Londres, une mosquée attaquée à coups de briques, des scènes de chaos à Bristol… Depuis sept jours, des émeutes d'une ampleur inédite se multiplient en Angleterre. A l'origine de ces rassemblements violents? Des fake news (fausses rumeurs) propagées en masse sur les réseaux sociaux concernant l'origine présumée de l'assaillant ayant tué trois petites filles à Southport, ce lundi 29 juillet.
Une caisse de résonance
Dans la journée du 29 juillet, le compte X Europe Invasion, connu pour ses positions anti-migrants, et le site Channel3, réputé pour ses articles aux titres sensationnalistes, ont tous deux affirmé que le meurtrier était un demandeur d’asile musulman, arrivé en Angleterre par bateau en 2023. L'affirmation a rapidement été démentie par les forces de l'ordre. Mais plusieurs comptes et figures de la droite dure ont agi comme caisse de résonance des fausses informations sur les réseaux sociaux.
Parmi eux, Tommy Robinson, le médiatique fondateur et ancien chef de l'English Defence League, un groupe britannique d'extrême droite. En effet, Stephen Yaxley-Lennon, son vrai nom, a été l'un des premiers à relayer en masse ces fake news et à appeler aux émeutes auprès de ses près de 900.000 abonnés sur X, ex-Twitter.
Le militant politique a été condamné à plusieurs reprises pour agression, fraude et outrage au tribunal. Tommy Robinson a quitté l'Angleterre dimanche 28 juillet, soit la veille de sa comparution devant un tribunal pour avoir violé une ordonnance lui interdisant de répéter des fausses informations sur un réfugié syrien.
"La désinformation et la colère [à l'origine des émeutes, ndlr] ont été perpétrées par des individus sur X, qui avaient été bannis des plateformes", a déclaré Joe Mulhall, directeur de recherche à Hope Not Hate au Guardian. "Et maintenant, ils ont été réintégrés sur ces plateformes."
Echec de la modération sur les plateformes
En effet, l'homme politique de 41 ans a été banni définitivement de Twitter en 2018 en raison de violations des règles de Twitter régissant les comportements haineux. Mais après avoir racheté X en 2022, Elon Musk a rapidement réintégré plusieurs comptes suspendus du réseau social. Parmi ceux-ci, de nombreux profils de personnalités controversées d'extrême droite, dont le profil de Tommy Robinson.
Le rôle de Tommy Robinson dans ces émeutes apparaît ainsi comme un énième échec de la lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux, et notamment sur X. Rien d'étonnant puisque le réseau social d'Elon Musk licencie à tour de bras ses employés chargés de modérer les contenus. Selon eSafety, le régulateur de l'internet australien, plus de 1.200 employés de ces équipes auraient ainsi été remerciés dans le monde par le milliardaire.
La fonction de modération des échanges en est ressortie très affaiblie, au moment où Elon Musk décidait donc de réintégrer les comptes d’extrême droite qui en avaient été exclus. L’effet de polarisation accrue a été immédiat sur une plateforme qui souffrait déjà de cette problématique.
De son côté, le sulfureux milliardaire a, lui aussi, agité son propre réseau en évoquant une "guerre civile" au Royaume-Uni.