Rachat de Twitter : l'équation à 44 milliards d'Elon Musk

De deal du siècle à véritable bouillon financier : alors qu'Elon Musk a fait volte-face sur le rachat de Twitter et devrait bien finalement empocher le réseau social, les financiers sont sur la réserve.
Selon Reuters, deux fonds d'investissement se sont retirés dans la nuit des discussions engagées au moment de la première offensive du patron de Tesla. Et ce ne sont pas des acteurs de second plan : avec 500 et 60 milliards de dollars d'actifs sous gestion, Apollo Global Management et Sixth Street sont des poids lourds de la finance new-yorkaise.
Leur retrait souligne la difficulté que va avoir Musk à boucler le financement de Twitter en apportant des capitaux frais, la faute à son ampleur démesurée : l'homme d'affaires maintient son offre de 44 milliards de dollars, qui valorise l'action de Twitter à 54,20 dollars. Mais elle n'était qu'à 51,30 dollars à la dernière clôture de Wall Street, après avoir déjà connu un sursaut au moment de l'annonce de la reprise du rachat (+21%).
Tech effondrée et dette russe
Outre les investisseurs en capital, des banques devaient aussi se syndiquer pour lever un grand montant de dette : Morgan Stanley, Bank of America et Barclays vont devoir trouver 12,5 milliards de dollars ; en France, BNP Paribas et Société Générale sont pieds et poings liés à hauteur d'1,35 milliard de dollars.
Problème, il ne sera pas facile de trouver ces liquidités. Le marché du crédit est grippé depuis l'explosion de la guerre en Ukraine, et l'appétit des investisseurs pour des actifs de dette risqués est faible. Or les banques ont déjà 51 milliards de dollars d'engagements "risqués" à placer sur les marchés, selon Deutsche Bank.
Les dettes levées pour Twitter feront de plus partie des plus difficiles à vendre : les valeurs de la tech sont très volatiles et sur une pente descendante. Le Nasdaq a ainsi perdu 30% depuis le début de l'année.
Dernier facteur de risque, les taux d'intérêt plus élevés impliquent des dettes moins rentables pour les banques : elles devraient donc perdre des plumes dans le rachat de Twitter comme certains fonds l'ont fait dans la reprise de l'éditeur de logiciel Citrix. En janvier, des financiers avaient perdu 700 millions de dollars, sur leurs 6,5 milliards de dollars investis. D'opportunité de marché, le coup d'éclat d'Elon Musk avec Twitter pourrait donc précipiter de nouvelles pertes.