Tech&Co
Réseaux sociaux

Émeutes au Royaume-Uni: comment les réseaux sociaux ont fait exploser les tensions

placeholder video
Depuis plusieurs jours, le pays est secoué par des manifestations violentes, menées par l'extrême droite, après une succession de rumeurs qui ont circulé sur les réseaux sociaux.

Encore une nouvelle soirée d'émeutes au Royaume-Uni. Après plusieurs jours de violences xénophobes dans le pays, qui ont commencé le weekend dernier, après le meurtre sauvage de trois fillettes dans le nord-ouest de l'Angleterre, les autorités britanniques ont décidé de placer sous protection les lieux de cultes musulmans qui ont pris pour cible à travers le pays.

Le drame, qui s'est déroulé le 29 juillet dernier à Southport, petite ville portuaire près de Liverpool, a provoqué une flambée de violences, alimentées par des rumeurs sur l'origine du tueur, un jeune homme de 17 ans. La loi britannique interdisant de révéler l'identité d'un suspect mineur, un nom à consonance arabe a rapidement circulé sur des boucles Telegram, accusant aussi l'auteur d'être un musulman, demandeur d'asile.

Les rumeurs ont ensuite été amplifiées sur les réseaux sociaux traditionnels, à commencer par X (ex-Twitter), véritable chambre d'écho des fake news et des théories complotistes.

Un banni de Twitter

Comme l'a souligné la BBC, c'est le groupuscule d'extrême droite English Defence League (EDL) qui a mené cette campagne de dénigrement, forçant les autorités à finalement révéler l'identité du suspect arrêté: Axel Rudakubana, né au Pays de Galles de parents originaires du Rwanda.

Il n'empêche, les émeutes étaient déjà enclenchées. Principal protagoniste, le fondateur de l'EDL, Tommy Robinson a largement utilisé X pour lancer des appels aux manifestations, tout en alimentant ses 900.000 abonnés de fausses informations. Cruelle ironie de l'histoire, il avait été définitivement banni de Twitter en 2018 avant d'être réintégré en novembre dernier par un certain… Elon Musk.

"Guerre civile inévitable"

Car c'est l'autre personnage de cette histoire. Non seulement le milliardaire a réintégré de nombreuses personnalités controversées sur X (comme le complotiste Alex Jones) mais il a énormément relayé les émeutes au Royaume-Uni, évoquant même une "guerre civile inévitable" quand le gouvernement britannique tentait d'apaiser les tensions.

À travers cette histoire, ce sont encore les réseaux sociaux qui sont pointés du doigt, a minima pour leur manque de réactivité, au pire pour leur inaction à juguler les fake news.

Si Londres n'a pas encore évoqué la question de l'immigration (principale préoccupation des Britanniques selon les sondages), le pays compte bien s'attaquer aux plateformes, réclamant des comptes à Musk, Zuckerberg et consorts. Dans l'Union européenne, plusieurs enquêtes sont en cours pour le manque de modération des différents réseaux.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business