PMA : des députés français visitent une clinique en Belgique

En Belgique, la PMA est autorisée depuis 2007. - -
Cette mesure ne fait pas partie du projet de loi sur l’égalité pour tous soutenu par le gouvernement Ayrault, qui ouvre le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. La PMA, ou procréation médicale assistée, ne sera donc pas autorisée en France pour les couples homosexuels et restera le seul privilège des couples hétérosexuels, bien que François Hollande ait déclaré qu’il laissait au Parlement toute latitude pour en débattre.
Du coup, des milliers de femmes, célibataires ou en couple, se rendent en Belgique chaque année, où la PMA est légalisée depuis 2007.
"Le sujet ne fait plus débat en Belgique"
Une délégation d’une quinzaine députés français s’est ainsi rendue lundi dans une clinique de Bruxelles. Les parlementaires, membres de la commission des lois de l'Assemblée nationale, ont également rencontré des sénateurs belges, ainsi que des députés européens de pays ayant légalisé le mariage homosexuel.
"Nous voulions saisir la réalité dans un pays, la Belgique, qui a légalisé le mariage pour tous il y a dix ans et l'adoption il y a six ans", a expliqué Erwann Binet, député PS de l'Isère et rapporteur du projet de loi. "Ce qui nous a frappé, c'est que le sujet ne fait plus débat en Belgique, que ce soit à droite ou à gauche. Le mariage pour tous est totalement normalisé", a-t-il ajouté. (Lire aussi notre article : La PMA divise le PS)
40% des étrangères traitées sont françaises
Les députés ont rencontré les responsables de l'unité PMA de l'hôpital Erasme, à Bruxelles, qui accueille chaque année quelque 500 Françaises, lesbiennes ou célibataires, pour lesquelles ce genre d'intervention est interdit en France.
Les Françaises représentent environ 40% des étrangères traitées par l'hôpital. Cette visite "m'a conforté dans la nécessité d'inclure la PMA dans la loi", a déclaré Bernard Roman, député PS du Nord. Des élus socialistes ont annoncé leur intention de soutenir un amendement au projet de loi dans cet objectif, alors que le président François Hollande a indiqué qu'il ne s'y opposerait pas.
Une approche "plus technique et pragmatique" qu'en France
Le député UMP Philippe Gosselin a estimé que la Belgique avait eu "une approche différente", "plus technique et pragmatique" qu'en France, où "on insiste plus sur la dimension éthique". "Les droits individuels des personnes sont davantage mis en avant en Belgique", a-t-il ajouté, en réaffirmant son opposition au projet de loi.
Le sénateur socialiste belge Philippe Mahoux a fait part à ses homologues français de sa surprise "face à la violence du débat en France" et "aux fantasmes qu'il provoque". "Il faudrait dédramatiser", a-t-il plaidé, soulignant qu'en Belgique, il avait le "sentiment que le vivre-ensemble s'est amélioré depuis la légalisation du mariage homosexuel".
"Bon espoir" d'intégrer l'amendement sur la PMA
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a souligné mardi sur RTL qu'aucun pays ayant adopté le mariage homosexuel n'avait adopté dans la même loi la procréation médicalement assistée, tout en reconnaissant au Parlement "le droit d'innover".
Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a déclaré lundi sur la même radio qu'il avait "bon espoir" d'intégrer l'amendement sur la PMA dans le projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels devant être soumis fin janvier aux députés.