Marseille: des dizaines de trottinettes jetées à la mer, les opérateurs réagissent
Les trottinettes en libre-service boivent la tasse. Depuis le mois de mai, plusieurs dizaines de bolides ont été repêchés dans les eaux marseillaises, entre la Corniche et le Vieux-Port. Des Lime, mais aussi des Circ ou des Bird… Michel Graveleau, président du Cercle nautique et touristique de Lacydon, en a récupéré onze au printemps lors de l’opération annuelle de nettoyage du Vieux-Port.
Bouteilles, barrières de sécurité, pneus, canettes… Les bénévoles ont sorti 7 tonnes de déchets. Parmi les plus les insolites, ils ont retrouvé des panneaux de chantier, des caddies "et pour la première fois cette année, il y avait des trottinettes!", lance Michel Graveleau à BFMTV.com.
Ce dernier n’est toutefois pas étonné par cette pêche. Depuis que les trottinettes ont été déployées dans Marseille – au mois de janvier – "il y en a partout. On est envahis. Les gens les laissent n’importe où, c’est normal qu’au bout d’un moment elles finissent à l’eau. D’ailleurs, depuis qu’on en a repêché en mai, on voit bien qu’il y en a de nouveau dans le Vieux-Port. On voit le fond de la mer contrairement à ce que l’on croit", rit-il un peu jaune.
Réaction pédagogique
Benjamin Barnathan, directeur général de Lime France et Benelux reconnaît aisément que ces dizaines de trottinettes retrouvées dans l’eau "sont des dizaines de trop", notamment en raison du danger pour l’écologie que représentent leurs batteries au lithium. Ce phénomène n'est toutefois pas propre à la cité Phocéenne, nous rappelle-t-il, "des actes de vandalisme se constatent partout en France".
Pour en venir à bout, l’opérateur a "rapidement" réagi en rendant impossible, "depuis quelques semaines", le stationnement des trottinettes aux abords de la Méditerranée. Lime a également déployé une patrouille de quatre médiateurs chargés d’aller au contact des jeunes afin de faire de la "pédagogie" et de les sensibiliser sur ces comportements. Une "bonne solution", salue Jean-Luc Ricca, 1er adjoint au maire en charge du stationnement.
L’élu explique à BFMTV.com que le phénomène a été constaté une première fois durant l’hiver, quand Lime s’est implanté à Marseille. "On a repêché une quinzaine de trottinettes à ce moment-là, puis plus rien. Et le problème est réapparu au printemps. Nous avons donc alerté les six opérateurs présents dans la ville afin qu’ils prennent des mesures correctives", précise-t-il. Ainsi, les gérants des entreprises de free-floating se sont engagés à mettre en place une surveillance et à repêcher les trottinettes.
"Nous avons un réseau qui nous permet d’identifier les trottinettes manquantes. Une fois récupérées, nos trottinettes sont traitées par des filiales de recyclages", nous détaille le directeur général de Lime France et Benelux.
Travaux d’intérêt général?
Mais pour Sabine Bernasconi, maire LR des 1er et 7e arrondissements de Marseille – qui comprennent notamment la Corniche et le Vieux-Port – la réponse n’est pas suffisante.
"Ces trottinettes jetées à l’eau sont révélatrices d’un problème d’incivilités. Il faut que la société se réorganise et cela passe par une réponse adaptée et proportionnée. Les médiateurs, c’est un geste de bonne foi, mais il faut une sanction pour décourager ces incivilités. Evidemment ça ne mérite pas la prison. A la mairie de secteur nous sommes par exemple ouverts pour encadrer des travaux d’intérêt général, comme le nettoyage des plages, afin de sensibiliser les jeunes aux enjeux écologiques de ces comportements", propose l’élue.
Sceptique, Benjamin Barnathan préconise plutôt le dialogue. Jean-Luc Ricca acquiesce: "Je ne suis pas contre la sanction si tout a échoué au préalable. Mais dans un premier temps, il est important d’établir un dialogue et de privilégier la pédagogie. Pour cela, les médiateurs sont une bonne piste." Peut-être la solution pour que les trottinettes sortent enfin la tête de l’eau.