"Les messages sont bien passés": l'ambassadeur des droits LGBT+ s'exprime sur la situation du Qatar

Jean-Marc Berthon, le 8 mars 2019, à l'Élysée. - Ludovic MARIN / AFP
Contrairement à Emmanuel Macron ou à Amélie Oudéa-Castéra, il ne se rendra pas au Qatar durant cette Coupe du monde, mais "les messages sont bien passés" selon lui. Officialisé à son poste il y a quelques semaines, le nouvel ambassadeur français aux droits LGBT+ Jean-Marc Berthon a répondu à Têtu dans un entretien publié ce jeudi, au lendemain de la victoire des Bleus en demi-finale.
"Notre décision, c’est de parler des droits humains les yeux dans les yeux avec nos interlocuteurs plutôt que de faire des déclarations tonitruantes. C’est plus efficace, et donc plus utile", affirme-t-il, interrogé sur la position française vis-à-vis des droits LGBT+ au Qatar, où l'homosexualité est illégale.
"Nous plaidons sans ambiguïté pour l’abrogation de toutes les dispositions prohibant l’homosexualité", ajoute-t-il.
Un "pull aux couleurs arc-en-ciel"
Jean-Marc Berthon explique que l'exécutif français a "eu des contacts avec les autorités qatariennes pour que les supporters LGBT+ puissent être accueillis dans les mêmes conditions que les autres, notamment que les couples homosexuels puissent loger ensemble à l’hôtel, sans discrimination."
"Nous sommes attentifs à ce que les engagements pris soient respectés", complète-t-il.
À ce titre, l'ambassadeur aux droits LGBT+, chargé de prôner la dépénalisation universelle de l'homosexualité et la défense des personnes LBGT+ dans le monde, n'estime pas nécessaire de se rendre au Qatar. "Vous avez pu noter que la ministre des Sports a porté un pull aux couleurs arc-en-ciel lors du match France-Angleterre", se justifie-t-il en réponse.
Une "ligne rouge"
L'équipe de France a, de son côté, renoncé à porter le brassard "One Love" pour la défense des droits LGBT+ pendant la compétition. "Lorsqu’on accueille des étrangers en France, on a l’envie qu’ils se prêtent à nos règles et respectent notre culture", avait expliqué le gardien Hugo Lloris. "J’en ferai de même lorsque j’irai au Qatar.
"Nous ne devons pas opposer droits universels et traditions locales", répond Jean-Marc Berthon, interrogé sur son poste et son engagement, sans nommer le Qatar ou un autre pays.
"Cela étant, n’oublions jamais qu’il y a une ligne rouge, et que les spécificités culturelles ne sauraient en aucun cas justifier que l’on viole les droits humains", a-t-il ainsi ajouté.
Dans les colonnes de Têtu, Jean-Marc Berthon s'est étonné de "la relative indifférence des opinions publiques sur (la question des droits LGBT+)". "On ne doit plus détourner les yeux (...). Cela doit devenir l’une des 'nouvelles frontières' du combat pour les droits humains", a-t-il conclu.