Le combat de Charlotte, victime d'un trafic de bébés au Brésil

Charlotte Cohen-Tenoudji, adoptée par des Français, a été victime d'un trafic de bébés au Brésil (image d'illustration) - Philippe Huguen-AFP
Elle est devenue l'icône de la lutte contre le trafic d'êtres humains. Charlotte Cohen-Tenoudji, adoptée par un couple de Français, est née il y a bientôt trente ans au Brésil. A l'époque, elle a été victime d'un trafic de nouveau-nés.
Il y a quatre ans, à la fin de ses études, Charlotte part s'installer dans son pays natal. Elle découvre que la femme qui l'a abandonnée, alors qu'elle n'était âgée que de quelques mois, n'était en réalité pas sa mère biologique. Cette révélation ne la surprend pas: dès son adolescence, la jeune femme avait des doutes. Elle avait déjà découvert des irrégularités: des papiers dont les noms et dates ne correspondaient pas.
"J'ai aussi eu des doutes"
"J'ai toujours su que j'étais adoptée, mais j'ai aussi toujours eu des doutes sur la version des faits qu'on me donnait", témoigne-t-elle pour Ouest-France. "Maintenant, je suis à l'aise avec tout ça, j'ai fait un long travail sur moi."
Sur place, la jeune femme prend contact avec le personnel de l'orphelinat où elle s'étant retrouvée étant bébé, un établissement de São Paulo fermé en 2000. Sans succès. Charlotte Cohen-Tenoudji continue de mener son combat. Sans nouvelles de sa mère biologique, elle envisage de faire appel à la justice.
Avec l'aide de journalistes et d'avocats, Charlotte a rassemblé des preuves sur son histoire ainsi que celles d'autres bébés issus du même orphelinat, adoptés illégalement en échange d'importantes sommes d'argent. "C'était un réseau dirigé par une femme influente dont tout le monde avait peur", ajoute-t-elle pour le quotidien régional.
"Obtenir un pardon symbolique"
En 2014, une commission parlementaire redéfinit la traite d'êtres humains, en incluant le trafic de nouveaux-nés. Son histoire est évoquée et la jeune femme est auditionnée. "La 'trafiquante' a été entendue elle aussi. Malheureusement pour moi, les faits sont désormais prescrits au pénal."
Depuis, d'autres enfants ont contacté Charlotte, qui a réussi à retrouver plusieurs de leurs mères. Elles disent avoir été dépossédées de leur bébé dans des moments de faiblesse psychologique. "On envisage une action contre l'Etat pour obtenir un pardon symbolique."