La France commémore le 70e anniversaire de l'appel du 18 juin

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C'est à peine arrivé à Londres, la veille, que cet inconnu du grand public prend connaissance du discours du maréchal Pétain, annonçant une probable armistice avec les Allemands. Il décide le lendemain de lancer un appel radiodiffusé dans lequel il sollicite la mobilisation des français et de la résistance, ainsi que la collaboration de l'armée contre l'invasion nazie.
Cet appel, diffusé trois fois dans la soirée, ne sera pas enregistré.
Ecoutez le premier appel enregistré du Général de Gaulle, le 22 juin :
70 ans plus tard, Nicolas Sarkozy se rend à Londres ce vendredi pour commémorer l'événement. C'est le premier président de la République à traverser la manche pour célébrer cet appel.
70 ans plus tard, des résistants se souviennent et racontent...
Tereska, l’une des premières femmes à s'embarquer pour Londres
Tereska Torres fait partie des premières femmes à s'embarquer pour Londres, après l’appel du 18 juin. Elle est la 16e femme à s'inscrire dans l'armée féminine de De Gaulle. A 18 ans, quand elle entend parler de l'appel du Général, elle est réfugiée à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), avec sa mère et ses grands-parents. Aujourd’hui, elle se souvient : « Je me suis dit : moi je n’ai pas d’enfant, je veux rejoindre le Général de Gaulle, c’est décidé, je pars en Angleterre ! Mes parents m’ont fait une scène, m’ont dit que j’étais folle. Mais aujourd’hui, j’aurais fait la même chose, ça me paraît normal. »
Gérard : « Je me promenais quand j’ai entendu l’appel... »
Gérard Théodore fait partie des 42 survivants parmi les 1.036 Compagnons de la libération, le 2e ordre français après la Légion d'honneur, qui récompense les personnes ou les collectivités militaires et civiles s’étant signalées dans l'œuvre de libération de la France et de son Empire. En juin 1940, il a lui aussi 18 ans et est en internat à Coutances (Manche) : « Je me promenais dans Coutances quand j’ai entendu un fragment de discours, qui était celui du Général De Gaulle. Sachant qu’il y avait quelqu’un qui, en Angleterre, continuait, je me suis décidé. Je suis parti du lycée en bicyclette, je suis allé au café du port et le patron m’a mis dans une arrière-salle, avec d’autres personnes qui attendaient. Vers minuit, en file indienne, on a embarqué sur une barque de pêche et on s’est planqués dans la cale. »
Le texte de l'appel du 18 juin 1940|||
Lancé par le Général de Gaulle depuis Londres, c'est le premier d'une longue série qui durera jusqu'à la fin du mois de juin :
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis.
Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. »