Des fruits et légumes au « juste prix » !

« La grande distribution achète le kilo de tomates 0,50 € et le revend jusqu’à 3,50 € ! », dénonce le secrétaire général du Modef. - -
Quarante tonnes de fruits et de légumes du Lot-et-Garonne, premier département de France de production de nombreux fruits et légumes, sont vendus ce mercredi matin au « juste prix » sur la place de la Bastille à Paris, et dans 27 autres villes d'Ile-de-France. Pour la quinzième année consécutive, la Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux (Modef) organise cette vente, pour dénoncer les marges abusives des grandes surfaces.
Le kilo de tomates à 1,50 € au lieu de 2,50 €
Deux semi-remorques chargés de 40 tonnes de fruits et légumes (tomates, melons, prunes, poires, pommes de terre, salades, nectarines, etc.) sont vendus sans les marges imposées par les distributeurs. Par exemple, le kilo de tomates est vendu 1,50 euro, au lieu de 2,50 euros en moyenne dans les grandes surfaces. « Sur ces 1,50 euro, 75 centimes vont au producteur, explique Raymond Girardi, secrétaire général du Modef : ça rapporte énormément à la grande distribution, qui l’achète environ 50 centimes et le revend jusqu’à 3,50 euros ! ».
« Il y a des moyens de pression… »
Pour intervenir sur ces marges qu'il dénonce, Raymond Girardi propose des outils au gouvernement : « Jusqu’en 1986, il existait le coefficient multiplicateur : quand un distributeur achète par exemple 1 kilo de tomates à 1 euro, il ne peut multiplier ce prix à la revente que par 1,5. Après, il y a des moyens de pression : quand un magasin veut s’agrandir ou se créer quelque part, il y a besoin des autorisations de l’Etat. A un moment donné, il faut mettre en place un cahier des charges, en disant : on vous autorise à créer des sites nouveaux, à condition que vous respectiez la production nationale ».
« Les distributeurs perdent de l’argent sur les fruits et légumes »
Mais pour Yves Puget, directeur de la rédaction du magazine LSA, le magazine des professionnels de la grande consommation, ces marges de la grande distribution sont loin d’être scandaleuses : « C’est moins 0,7%. Donc selon l’observatoire des prix et des marges, mandaté par le gouvernement, les distributeurs perdent de l’argent sur les fruits et légumes. C’est vrai qu’ils en gagnent ailleurs : sur la volaille, la marge nette est de 5%. Les agriculteurs montrent très souvent le prix auquel ils vendent, sans considérer par exemple les intermédiaires. Et il y a aussi des frais pour transporter des produits, pour les mettre en barquettes... Au rayon des cerises par exemple, il y a 50% de perte : toutes ne sont pas vendues et certaines ne sont pas vendables parce qu’un peu périmées. C’est compliqué à vendre, les fruits et légumes ».