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Société

"Pourriez-vous loger ailleurs?": des soignants rejetés par leurs voisins à cause de l'épidémie de coronavirus

Des infirmières (Photo d'illustration).

Des infirmières (Photo d'illustration). - AFP

Plusieurs témoignages font état de réactions hostiles subies par des soignants de la part de voisins, craignant une contamination au Covid-19 à cause de la possible exposition au virus des professionnels de santé.

Jour après jour, nombre de Français se pressent à leurs fenêtres à 20 heures pour applaudir et saluer le travail du corps médical, médecins, infirmiers, aide-soignants, en première ligne dans cette crise due à l'épidémie du nouveau coronavirus. Malgré ces élans de reconnaissance, certains soignants semblent être devenus persona non grata aux yeux de leurs voisins, qui craignent une contagion au nouveau coronavirus.

Il y a cette auditrice de RMC qui a appelé la station de radio ce mercredi matin pour raconter une anecdote subie par une collègue de sa fille, infirmière.

"En sortant du domicile d'un de ses patients, elle a trouvé sur son pare-brise un mot qui disait: 'Vous êtes infirmière, donc vous avez plus de risque d'être contaminée par le virus, donc merci de ne pas vous garer proche des autres voitures'", rapporte-t-elle, en larmes.

"Je ne suis pas une terroriste mais un personnel soignant!"

A Toulouse, c'est une aide-soignante de 24 ans qui a eu la désagréable surprise de trouver scotché sur sa porte un morceau de papier, alors qu'elle rentrait de sa journée de travail, relaye France 3 Occitanie. La jeune femme a publié un cliché du mot en question sur son compte Facebook.

"En sachant votre profession, est-il possible pour notre sécurité de ne pas toucher les portes des parties communes ou peut-être dans les prochains jours de loger ailleurs? Et peut-être aussi de sortir votre chien plus loin?" s'enquiert le mot, qui se termine toutefois par un "mes amitiés", en enjoignant la jeune femme de ne pas prendre "ça contre (elle)". "Je pense que moi-même ainsi que les voisins se sentiront plus en sécurité", justifie l'auteur anonyme de la missive.

Sa publication Facebook a suscité près de 7000 partages à ce jour. Jointe par France 3 Occitanie, elle fait part de sa colère et de son désarroi:

"Je ne suis pas une terroriste mais un personnel soignant!" s'agace-t-elle. "Ce n'est pas parce que je suis une soignante que je ramène le coronavirus chez moi ou toutes les autres maladies. Il n'y a pas plus de problème avec moi qu'avec une autre personne", soutient-elle. "La peur prend actuellement le dessus. Les gens manquent d'informations."

Une infirmière contrainte de plier bagages

A Paris, ce n'est pas une aide-soignante mais une infirmière qui a fait les frais de l'hostilité des riverains. L'histoire se déroule dans un immeuble du XXe arrondissement, et est rapportée par France Inter. L'hôpital Tenon avait fait passer un appel pour héberger des soignants. Une demande revenue aux oreilles d'Olivier, habitant non loin de l'établissement.

Ce dernier a alors contacté les propriétaires de deux logements inoccupés de son immeuble, qui ont accepté de mettre leur bien à disposition. Le lendemain, une infirmière arrivait en renfort de Vancouver. Olivier l'annonce à ses voisins, et constate que deux foyers s'opposent catégoriquement à l'arrivée de la soignante.

 "On m'a rétorqué que j'aurais dû leur demander leur accord, que cette façon de procéder n'était pas acceptable, que je n'étais pas le seul dans cet immeuble et que ce comportement était égoïste", confie Olivier à France Inter. 

Face à cette obstruction, Olivier est obligé de signifier à la soignante de faire ses valises.

"Ca va laisser des traces, je ne sais pas comment on va gérer ça à la fin de l'épidémie", confie-t-il à la station de radio.

Mais malgré ces déboires, le Parisien ne compte pas se démonter, et veut proposer ces appartements à d'autres soignants, "tant pis pour ceux qui ne seront pas d'accord".

Clarisse Martin