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Chlordécone: des heurts éclatent à Fort-de-France en marge d'un procès sous haute pression

Des policiers en uniforme. (Photo d'illustration)

Des policiers en uniforme. (Photo d'illustration) - BFMTV

Des manifestants bloquent depuis plusieurs semaines des centres commerciaux martiniquais en guise de protestation contre leurs propriétaires, qu'ils accusent d'être responsables de la pollution au chlordécone.

Des heurts entre forces de l'ordre et des militants anti-chlordécone, ce pesticide qui a durablement pollué les Antilles, ont éclaté ce lundi en début d'après-midi à Fort-de-France aux abords du tribunal correctionnel où devait se tenir un procès sous haute tension de sept militants. 

Face aux échauffourées, le procès a finalement était renvoyé au 3 juin, et le tribunal a dû être évacué. Les sept militants avaient été interpellés le 28 novembre dernier, cinq jours après une manifestation qui avait mal tourné devant un centre commercial du Robert (au centre-ouest de la Martinique).

Le procès renvoyé au 3 juin

Depuis plusieurs semaines, des manifestants bloquent des centres commerciaux en Martinique, accusant leurs propriétaires, souvent de grandes familles locales, d'être à l'origine de la pollution au chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993, qui a infiltré les sols antillais pour des centaines d'années et qui est suspecté d'être à l'origine de cancers de la prostate, très nombreux aux Antilles.

Accusés de violences sur personne dépositaire de l'autorité publique, les sept militants avaient été placés en garde à vue, et trois d'entre eux placés sous contrôle judiciaire. Tous, devaient comparaître lundi après-midi. 

Plusieurs dizaines de leurs soutiens, rassemblés avec des banderoles, ont manifesté jusqu'au tribunal, dont l'entrée était étroitement gardée par la police et filtrée.

Des gaz lacrymogènes pour disperser la foule

L'accès limité à l'audience a rapidement fait monter la tension. Un premier tir de gaz lacrymogène pour disperser la foule a mis le feu aux poudres. Les manifestants ont répondu par des jets de pierre, de bouteilles en verre puis de cocktails molotov.

Alors que le parvis du tribunal s'embrasait, dans la salle d'audience, les avocats de la défense ont demandé le renvoi de l'affaire en raison de la grève de leur barreau contre la réforme des retraites et de la nécessité de pouvoir plaider dans une ambiance sereine.

Ils ont également dénoncé l'organisation du tribunal en matière de sécurité, assurant que si les manifestants réagissaient ainsi, c'est parce qu'on leur avait interdit l'accès à une audience pourtant publique. Après délibération, le président du tribunal a renvoyé l'affaire au 3 juin et décidé la levée des trois contrôles judiciaires. 

Dimanche, une manifestation de soutien aux sept prévenus avait rassemblé une centaine de personnes, en majorité originaires des Antilles, place de la Nation à Paris. 

Jeanne Bulant avec AFP